Il est l'un des hommes les plus controversés d'Angleterre. Oliver Cromwell devient le chef de la fronde contre le très impopulaire roi Charles Ier. Après plusieurs années de guerre civile, Cromwell va abolir la monarchie et mettre en place une République. Du jamais vu en Angleterre.
C'est à cet instant qu'il va montrer son véritable visage, celui d'un tyran cruel et mégalo. Il ordonne qu'on coupe la tête de Charles Ier, au nom du protestantisme le plus radical et il massacre des milliers de catholiques irlandais. Roi sans couronne, persuadé d'être guidé par la volonté de Dieu, c'est un opportuniste qui gouverne seul et qui s'invente le titre de "Lord Protecteur".
Oliver Cromwell voit le jour en 1599, près de Cambridge, à 100 kilomètres de Londres. À l'époque, le royaume regroupe également l'actuel pays de Galles. Il est déchiré entre catholique, protestant et fidèles de l'anglicanisme, une branche du christianisme fondée par le roi Henri VIII au milieu du XVIe siècle, après sa rupture avec le pape.
Cromwell est issu de la petite noblesse, "la gentry". Mais on connaît peu de choses des 40 premières années de sa vie. Il fait des études dans des établissements protestants, très puritains. Il a quitté l'université de Cambridge à la mort de son père. Grâce à sa riche épouse avec laquelle il aura neuf enfants et un héritage légué par son oncle, Cromwell mène une vie tranquille de notable qui cultive ses hectares de terre et fait de l'élevage.
Grâce à ses relations, Oliver Cromwell entre à la Chambre des communes. À cette époque, au milieu du XVIIe siècle, le Parlement n'a pas beaucoup de pouvoir en Angleterre. Le roi Charles Ier ne l'a pas réuni depuis des années. Mais en 1640, le souverain veut lancer une guerre contre le royaume d'Écosse. Il veut prendre les armes, sauf qu'il n'a pas d'argent.
C'est pourquoi il demande au Parlement la levée de nouvelles taxes. Mais les deux chambres refusent et Charles Ier les dissout au bout de trois semaines. Comme le monarque n'a toujours pas de solution pour renflouer les caisses, il se résigne à convoquer à nouveau le Parlement. Et voilà que justement, à l'âge de 41 ans, Cromwell entre dans la danse et prend enfin la lumière.
Il devient celui qui s'exprime le plus à la tribune de la Chambre des communes. Excellent orateur, il sort de ses gonds et a le visage empourpré de colère, quand il dénonce la tyrannie royale. Cromwell, infatigable, fait partie de toutes les commissions.
Il est l'un des principaux rédacteurs d'un texte appelé "La Grande Remontrance" qui veut donner plus de pouvoir au Parlement et moins au roi. Mais Charles Ier refuse et il tente même de faire arrêter cinq des principaux députés membres de la Chambre des communes, dont un cousin de Cromwell.
C'est ce qui met le feu aux poudres et marque le point de départ d'une longue guerre civile. Désormais, l'Angleterre est coupée en deux : le nord, modeste, soutient le roi. Ce sont en majorité des Anglicans et des catholiques. Le sud, plus riche, se range du côté du Parlement et veut une République. Ses partisans sont appelés "les têtes rondes" et ce sont principalement des protestants. Cromwell est leur chef.
Très vite, le tribun se mue en militaire. Il lève une troupe de cavalerie et est nommé au grade de lieutenant général. C'est lui aussi qui remplace les milices désorganisées et sans chef, par des troupes professionnelles, disciplinées et bien commandées, appelées "l'armée nouveau modèle".
Le roi Charles Ier est capturé et envoyé en prison près de Londres. Oliver Cromwell n'a pas l'intention de discuter ou de négocier avec lui. Il purge le Parlement des députés favorables à la monarchie en menaçant de les faire arrêter. Puis, il fait juger Charles Ier devant la Haute cour.
Après quelques jours d'un procès expéditif et joué d'avance, le roi est reconnu coupable de haute trahison et il est condamné à mort. Dans les semaines qui suivent la décapitation de Charles Ier, Cromwell proclame un régime, le Commonwealth, une sorte de république. Il réprime les soulèvements catholiques au prix de nombreux massacres. En Irlande, à la tête d'une armée de 12.000 hommes, Cromwell fait assassiner dans la cité de Drogheda jusqu'à 2.000 civils, y compris des enfants et des vieillards.
Il fait la même chose dans une autre ville, Wexford où au moins 2.000 personnes sont exécutées, soit les trois quarts des habitants. Dans la foulée, le Parlement irlandais est supprimé et un décret condamne les rebelles et les chefs royalistes à être capturés et exécutés. Tandis que les propriétaires sont spoliés de leur terre et déportés dans la province la plus pauvre de l'île.
Les catholiques irlandais n'ont plus le droit d'exercer leur foi ou de travailler dans la fonction publique. Cromwell réprime aussi de nombreuses tentatives d'insurrection royaliste. Les meneurs sont assassinés ou déportés dans les colonies des Antilles américaines où la majorité succombe aux maladies tropicales. À cet instant, Cromwell est donc tout-puissant et il se fait nommer l'ordre protecteur d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Il dissout le Parlement et gouverne seul avec un conseil constitué d'officiers de l'armée.
Intouchable, il peut faire tout ce qu'il veut. Il n'a aucune opposition et ce qui lui tient le plus à cœur, c'est la mise en œuvre d'une politique bigote et puritaine. Il est convaincu de défendre la vraie foi protestante. Il est certain que Dieu a fait appel à lui pour être le restaurateur de l'Église. Alors, il interdit le catholicisme et l'anglicanisme. Le jour de Noël n'est plus une fête, mais un jour de recueillement et de contemplation.
Pour les partisans de la République, Oliver Cromwell est devenu un traître qui a tourné le dos aux idéaux démocratiques, un dictateur qui gouverne sans Parlement, qui impose des lois par la force et qui bafoue l'État de droit. C'est un homme vaniteux qui ne baisse pas les impôts du peuple et qui accorde des privilèges aux riches propriétaires.
Oliver Cromwell meurt en 1658, à 59 ans. Il est enterré à l'abbaye de Westminster, où reposent beaucoup de rois et de reines d'Angleterre. Son fils, Richard, prend la relève, mais il ne peut pas empêcher le retour d'exil de l'héritier du trône, Charles II, qui reprend le pouvoir et réinstaure la monarchie. Cette fois, la République n'existe plus et c'est le début de la vengeance contre les partisans de Cromwell.
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