Mont Everest : pourquoi les cadavres des alpinistes restent-ils sur place ?

L'Everest reste une épreuve physique et psychologique hors norme. Certains alpinistes, en route vers le toit du monde, y laissent leur vie. Et les cadavres des disparus continuent de s'accumuler dans les hauteurs de l'Himalaya. Mais pourquoi les corps des morts sont-ils laissés sur place ?

L'Everest connait des embouteillages

Crédit : Handout / Project Possible / AFP

Chaque année, des milliers de passionnés de l'alpinisme convergent vers l'Everest, attirés par le défi ultime, mais certains ne redescendent jamais. L'ascension du plus haut sommet de la planète, situé à 8.849 mètres d'altitude, est un exploit réservé à quelques privilégiés, mais elle engendre également des tragédies qui restent gravées dans les annales de l'Himalaya.

Les altitudes vertigineuses de l'Everest offrent un panorama à couper le souffle, mais également une vision macabre d'un cimetière à ciel ouvert. Depuis 1921, l'ascension vers l'Everest a fait 323 morts, principalement sur la voie normale depuis le Népal. L'année 2019 a été particulièrement meurtrière, avec au moins 11 morts recensés. Mais pourquoi les cadavres des alpinistes restent-ils figés en altitude ? Quels risques et quelles difficultés rendent le rapatriement des corps impossible ?

Les conditions environnementales extrêmes

Les corps des personnes décédées en escaladant l'Everest sont souvent difficiles à rapatrier en raison de plusieurs facteurs inhérents à l'environnement extrême de la montagne. Les températures glaciales, les vents violents et les conditions météorologiques imprévisibles rendent les opérations de sauvetage dangereuses et souvent impossibles.

Ces conditions ne permettent pas non plus l'utilisation des hélicoptères. L'Everest est le plus haut sommet du monde, ce qui signifie que les corps se trouvent à des altitudes extrêmes. La raréfaction de l'air à de telles hauteurs peut causer des problèmes de respiration et de santé pour les sauveteurs, limitant ainsi les possibilités d'intervention.

Les pentes escarpées, les crevasses, les avalanches fréquentes et d'autres obstacles rendent les déplacements dans certaines parties de l'Everest très compliqués. Les équipes de sauvetage doivent souvent faire face à des défis logistiques majeurs pour atteindre les zones où les corps se trouvent. En conséquence, les opérations de sauvetage en haute altitude impliquent des coûts considérables, notamment en raison des équipements spéciaux nécessaires. Ces coûts peuvent atteindre des montants élevés, allant de 30.000 à 70.000 dollars, des montants trop élevés, qui freinent voire empêchent les opérations de rapatriement.

Certaines de ces opérations sont également dénoncées, notamment dans un article du New York Times. Des guides, des entreprises d'hélicoptères mais aussi des hôpitaux auraient trouvé le moyen d'empocher des millions de dollars auprès de compagnies d'assurance.

Un célèbre cadavre surnommé "Green Boots"

Parmi les cadavres devenus tristement célèbres sur la route de l'Everest, l'un des plus connus est celui surnommé "Green Boots". Ce cadavre d'un alpiniste a été découvert sur la face nord de l'Everest, à une altitude d'environ 8.460 mètres. Green boots, identifiable par ses chaussures vert fluo, est devenu un symbole tragique de la difficulté à atteindre la "zone de mort" de l'Everest, soit à plus de 8.000 mètres d'altitude, là où l'oxygène se fait rare, le froid y est intense, et les risques de gelures sont accrus.

Green Boots aurait perdu la vie lors de la saison des tempêtes hivernales en 1996, au cours de laquelle plusieurs grimpeurs ont tragiquement trouvé la mort. Son corps, préservé par les conditions météorologiques, est devenu un repère pour les alpinistes sur le chemin de l'ascension du Mont Everest.

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