Législatives 2024 : pourquoi le Front populaire n'est pas né en France mais en Bulgarie

Pour essayer de remporter les futures élections législatives qui auront lieu les 30 juin et 7 juillet 2024, les forces de gauche ont appelé à la création d’un nouveau Front populaire, en référence à celui des années 1930. Il s'avère cependant que le mouvement n'est pas né en France, mais en Bulgarie. 

Pour nous, Français, les pères du Front populaire sont le communiste Maurice Thorez, le socialiste Léon Blum et le radical Edouard Daladier. Mais en réalité, ce ne sont pas eux qui ont inventé cette union créée à la base pour lutter contre la montée du fascisme. 

Dans les années 1930, donc, Mussolini règne en Italie, Hitler a pris le pouvoir en Allemagne. Cela, un homme l’a vécu de plein fouet : il est bulgare et s’appelle Georgi Dimitrov.  Il s'agit d'un typographe membre du parti communiste bulgare dans les année 1920. 

En 1923, son pays subit un coup d'État militaire. La passivité des communistes et le sang versé lorsqu'ils réagissent sont pour lui un électrochoc : Dimitrov est dès lors convaincu que l'ennemi des forces ouvrières, c'est le fascisme, qui naît de la crise économique et du capitalisme. On est alors en plein dedans avec le krach de 1929. 

Staline est convaincu qu'Hitler est une passade

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Exilé en URSS, Georgi Dimitrov tente de faire passer le message à Staline, qui ne veut rien entendre : pour lui, Hitler est une passade qui ne durera pas. Priorité à la politique "classe contre classe", que doivent suivre tous les communistes. Y compris en France. 

Dans l'Hexagone, il y a même un un mot d’ordre communiste qui dit que si on tend la main à un socialiste, c’est pour le plumer. On les considère alors comme des traitres alliés au patronat. Il est hors de question de s’allier. Mais la mésaventure de Dimitrov va changer la donne...

Dimitrov est arrêté en Allemagne lors de l’incendie du Reichstag dont Hitler, en pleine campagne électorale pour les législatives de 1933, accuse les Communistes. Lors de son procès, seul - aucun avocat n’ayant voulu le défendre -, il fait face à Goering et Goebbels et renverse la vapeur : d’accusé, il devient accusateur. Et dénonce le régime hitlérien en plein essor.

Un symbole de l'anti-fascisme

Acquitté, il devient un symbole fort de l'anti-fascisme. Propulsé patron du Komintern, l'Internationale communiste, il créé alors le Front populaire contre le fascisme. Et retourne voir Staline. Qui donne le feu vert. D'autant qu'entre-temps, le IIIe Reich est en place et les communistes sont envoyés dans le premier camp de concentration à Dachau, pour être "rééduquées". 

C'est comme cela, sous l'influence de Dimitrov et la demande de Staline qu'en France, les communistes changent leur fusil d'épaule. D'autant plus qu'une manifestation d'extrême-droite a fait quinze morts à Paris en février 1934,  laissant penser que le fascisme gagne à son tour notre pays. 

Maurice Thorez, suivant la nouvelle ligne du parti, passe ainsi à l'action et rencontre Léon Blum. Nous sommes le 11 juin 1934. Le mouvement lancé aboutit en 1936 avec le ralliement des radicaux au gouvernement de Front populaire et son slogan : "Du pain, de la paix, de la liberté". Une parenthèse de deux ans avec des avancées historiques pour les acquis sociaux, mais qui n'empêchera pas finalement le nazisme de gagner la France.