Amis des mots, et si on parlait du nom des fautes ? Car oui, les fautes ont des noms. Des noms charmants, chacune selon sa petite particularité ! La semaine dernière, j’ai rapidement évoqué les barbarismes, solécismes, pléonasmes et janotismes, et je me suis dit qu’il ne serait peut-être pas inutile d’expliquer les différences entre ces erreurs de français.
Les pléonasmes, nous en avons souvent parlé à ce micro… Rappelons-le quand même, commettre un pléonasme, c’est dire deux fois la même chose, en quelque sorte, comme monter en haut ou descendre en bas – mais prévoir d’avance, par exemple, est aussi un pléonasme, puisque par définition prévoir, ça se fait à l’avance !
J’ai déjà mentionné aussi dans le Bonbon sur la langue la notion de barbarisme. Un barbarisme est un mot déformé – aréoport au lieu d’aéroport… –, ou bien une conjugaison fantaisiste – je courirai au lieu de je courrai, il descenda au lieu d’il descendit, il se trompit au lieu d’il se trompa… Nos petiots, notamment, sont les champions de ce genre de barbarismes, parce qu’il faut quelques années pour maîtriser les conjugaisons parfois abracadabrantes du français.
Moins connus sont les solécismes. Le solécisme est une erreur de syntaxe, donc pas la déformation d’un mot, cette fois, mais une erreur de construction de la phrase. Si vous dites : "Je vais au coiffeur en vélo avec la mère à Dédé", vous avez composé une chouette brochette de trois solécismes : tous ces mots existent bien, et pourtant ça ne va pas (car bien sûr, rappelons-le à toutes fins utiles, on devrait dire "Je vais chez le coiffeur à vélo avec la mère de Dédé").
Pour finir, ma faute préférée : le janotisme. C’est ma préférée d’abord parce qu’on ne peut pas faire de faute en l’écrivant. C’est soit comme ça se prononce : janotisme, soit comme le prénom Jeannot avec un isme à la fin, d’après le nom d’un personnage bêbête d’une pièce de théâtre du XVIIIe siècle, qui amusait le public par ses répliques équivoques.
Un janotisme, c’est la construction d’une phrase entraînant une ambiguïté "qui prête à sourire", explique le Robert. Quel joyeux pedigree pour une erreur que de se définir par le fait d’être rigolote ! Quelques exemples ? Celui du Robert, c’est "J’ai vu le chat de la voisine qui a griffé mon frère". Sur le site de l’Académie française, on trouve "J’ai envoyé un lièvre à mon avocat que j’ai tué à la chasse". Le janotisme fait que l’on pourrait croire que c’est la voisine qui griffe ou qu’on a refroidi l’avocat. On en trouve également pléthore dans la presse locale, du genre "Peut-on se faire vacciner contre cette maladie sans danger ?" ou "Le conducteur a été arrêté par les gendarmes en état d’ébriété". Une fois qu’on sait ce que c’est, on en trouve partout ! Vive les janotismes !
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