Judas a-t-il vraiment existé ?

Judas incarne le traître absolu. Au fil des siècles, son image d'homme cupide, menteur et hypocrite ne s'est pas atténuée. L’iconographie chrétienne le représente souvent avec une bourse en main, un manteau jaune, le symbole d’infamie et une barbe rousse. Pourtant, tout avait commencé autrement.

On ignore beaucoup de choses sur ses origines. Comme les sources sont uniquement chrétiennes et proviennent du Nouveau Testament, on ne sait pas où et quand est né Judas. Mais ce qui est certain, c'est qu'il a vu le jour en Judée, une région montagneuse et désertique qui entoure Jérusalem et est majoritairement peuplée de Juifs.

On donne parfois à Judas le surnom d'Iscariote. Ce serait soit une déformation du nom de son village de naissance, soit un terme pour souligner qu'il ferait partie des Sicaires, des juifs armés en révolte contre l'occupation romaine. Mais Iscariote, c’est surtout un moyen de ne pas faire d’amalgame avec d’autres Judas qui étaient nombreux à l’époque.

Judas, l'homme de confiance ?

Mais vers l’an 30, Judas entend parler d’un jeune juif de Nazareth nommé Jésus. Cet homme charismatique attire les foules, fait des miracles et ressuscite même les morts. Dans une Judée sous occupation romaine, les esprits sont en ébullition : le peuple espère un libérateur. Jésus se dit l’envoyé de Dieu.

Intrigué, Judas va à sa rencontre. Il est fasciné par cet homme calme, barbu, aux cheveux longs. Il décide de le suivre, abandonnant tout derrière lui. Il est l’un des Douze, les apôtres choisis par Jésus pour diffuser son message.

Plus cultivé que les autres, Judas devient rapidement le trésorier du groupe. Une position qui suscite des jalousies. De plus, il vient de Judée, alors que les autres apôtres sont Galiléens, perçus comme plus rustiques. 

Mais Jésus dérange. Il a bouleversé l’ordre établi, en chassant les marchands du temple à Jérusalem et en s’opposant aux grands prêtres. Ces derniers ne le supportent plus. Et c’est à eux que Judas finit par proposer un marché : livrer Jésus. En échange, il recevra 30 pièces d’argent. 

Le baiser de la trahison

Lorsque Judas retrouve Jésus au jardin des Oliviers, il n’est pas seul. À ses côtés, une milice armée, venue avec lui dans l’ombre. Il a prévu un signe simple pour désigner sa cible. Il s’approche calmement, salue Jésus avec familiarité, puis l’embrasse. Un geste, en apparence anodin, mais qui scelle la trahison. 

Les soldats surgissent aussitôt et Jésus est saisi. Commence alors une longue nuit de souffrance. Il est d’abord conduit devant le Sanhédrin, le conseil religieux juif, puis présenté à Ponce Pilate, le gouverneur romain. La sentence tombe : ce sera la crucifixion. Jésus portera lui-même sa croix jusqu’à la colline du Golgotha.

Une mort, plusieurs versions

Jésus ressuscitera, selon la foi chrétienne. Mais Judas, lui, est brisé. Rattrapé par le remords, il essaiera de rendre l’argent, en vain. Il déclare : "J’ai péché en livrant le sang innocent." 

Plusieurs apôtres ont raconté sa fin : Selon Matthieu, il se pend. Selon Luc, il meurt d’une chute, éventré. Une version plus tardive parlera même d’une charrette qui l’écrase. Quoi qu’il en soit, Judas disparaîtra sans jamais revoir ceux qu’il avait appelés frères.

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