Son nom évoque immédiatement l'hypocrisie, la déloyauté et la trahison. Judas est l'un des premiers salauds de notre histoire. Si on ne sait pas grand-chose de ce personnage, on sait quand même qu'il a été très proche de Jésus-Christ, qui lui a accordé sa confiance, jusqu'à le faire entrer dans le cercle très restreint des apôtres, la garde rapprochée du Messie.
Mais Jésus ne se doutait pas qu'en faisant de Judas un apôtre, il avait fait entrer le loup dans la bergerie, car cet ingrat, en échange de quelques piécettes, l'a livré aux ennemis du prophète, les grands prêtres juifs et les romains qui dominaient Jérusalem. À cause de Judas, Jésus a été arrêté et crucifié.
Comme beaucoup de "Salauds de l'Histoire", Judas a mal fini, mais à la différence de bon nombre d'entre eux, il a tout de même eu des remords, ce qui a fait dire à certains que Judas n'a peut-être pas trahi Jésus. C'est l'un des temps forts de la courte vie de Jésus, et comme tout ce qui le concerne, on peut le lire dans le Nouveau Testament, l'une des deux parties de la Bible racontée par quatre auteurs des évangiles, Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Si on ignore les origines de Judas, on sait en revanche que vers l'an 30 de notre ère, Judas entend parler d'un jeune juif originaire de Nazareth et qui attire les foules. Ce juif s'appelle Jésus et il se prétend l'envoyé de Dieu. Comme les juifs en ont assez d'être les esclaves de l'Empire romain, ils attendent depuis un bon bout de temps un libérateur susceptible de briser leur chaîne. De prétendus prophètes ont d'ailleurs défilé et affirmé que le peuple juif serait enfin libre, mais ce n'était que des charlatans. Jésus, lui, a quelque chose de différent. Il prône l'amour du prochain, transforme l'eau en vin, et c'est un guérisseur.
Très vite, Judas devient le chouchou de Jésus, car il sort du lot. Il s'impose comme l'intello de la bande. Il est plus cultivé que les autres apôtres et pour preuve, il est nommé trésorier, une charge très importante. Du coup, les autres disciples de Jésus sont un peu jaloux.
Lorsque Jésus arrive pour prier dans le jardin des Oliviers, Judas sort de sa cachette, une torche à la main pour voir plus clair, et se jette au cou de son maître. Il lui dit : "Salut, Rabbi !". Puis il l'embrasse. C'est le fameux baiser de Judas, un baiser de la mort. Immédiatement, les gardes armés déboulent. Jésus dit alors à Judas : "Mon ami, fais ta besogne".
Jésus est immédiatement déféré devant le tribunal des autorités religieuses juives, le Sanhédrin, puis il comparaît devant le gouverneur romain de la province de Judée, Ponce Pilate, réputé pour sa cruauté. Ponce Pilate le condamne à mort, à la crucifixion, la peine suprême réservée d'ordinaire aux esclaves et aux rebelles.
Après la crucifixion et la mise au tombeau, c'est la résurrection de Jésus, dernier acte de ce que l'on appelle la Passion du Christ. Et Judas, dans tout ça, que devient ce traître ? Au moment de la résurrection de Jésus, il ne vient pas tout en haut d'une montagne de Galilée où le Christ a donné rendez-vous aux onze autres apôtres pour leur demander de prêcher la bonne parole et de baptiser les disciples au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Judas n'est pas là. En fait, il a des remords. Il a fait tuer celui qui lui a fait confiance et qui n'aurait pas fait de mal à une mouche.
Selon l'évangile de Matthieu, Judas rend les 30 pièces d'argent aux grands prêtres et leur déclare : "J'ai péché", en livrant un sang innocent. Mais les prêtres ne veulent rien savoir et mettent Judas à la porte. Déprimé, rejeté de tous les côtés, il se suicidera par pendaison.
Saint Luc lui donne une autre version de la mort de Judas. Cet homme, avec le salaire de son iniquité, avait acheté une terre. Il est tombé en avant et s'est ouvert par le milieu et ses entrailles se sont toutes répandues. Une autre version, plus tardive, racontera à peu près la même fin. Judas est bien pendu, sauf qu'il survit. Mais il est tellement sonné, groggy, qu'il ne fait pas attention à une charrette qui passe sur son chemin.
Et Judas se ferait finalement écraser. Ses boyaux se répandraient sur la chaussée. Deux siècles plus tard, un texte découvert dans les années 1970 en Égypte, l'évangile de Judas, va tenter de réhabiliter la figure du traître. Cet évangile raconte que Jésus a demandé à Judas de le débarrasser de son enveloppe charnelle, en clair, de l'aider à mourir en allant le livrer aux Romains.
Cet évangile laisse supposer que Judas était l'apôtre le plus proche de Jésus, puisqu'il était chargé de mettre en œuvre la demande de son patron. Et comme Judas avait bon cœur, comme Judas adorait Jésus, il se serait sacrifié. Pas très convaincante cette version. D'ailleurs, l'évangile de Judas a été reconnu apocryphe, c'est-à-dire que son authenticité n'a jamais été reconnue.
>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Éric Brunet retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.
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