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Jim Jones : qui était vraiment ce pasteur derrière l'un des plus grands suicides collectifs de l'histoire ?

PODCAST - Dans les années 1970, cet ecclésiastique de l'Indiana et fondateur d'une secte nommée le Temple du peuple a emmené 913 fidèles avec lui dans la mort.

Jim Jones, fondateur de la secte le Temple du peuple

Crédit : UPI / AFP

Jim Jones : qui était vraiment ce pasteur derrière l'un des plus grands suicides collectifs de l'histoire ?

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Vincent Parizot & Thomas Bernardon

En pleine nuit, le 19 novembre 1978, l'armée américaine reçoit un télégramme en provenance de Georgetown, la capitale du Guyana, petit pays anglophone coincé entre le Surinam, le Brésil et le Venezuela. Un suicide de masse aurait eu lieu à Jonestown. Là où s'est installée, depuis environ un an, une secte dénommée le Temple du peuple.

Quelques heures plus tard, des hélicoptères survolent la jungle à la recherche du mystérieux campement. Les soldats et enquêteurs du FBI finissent par descendre au niveau d'un regroupement de baraques aux toits blancs. Ils découvrent alors des centaines de corps d'hommes, de femmes et d'enfants allongés face contre terre. Près des cadavres, des gobelets vides. 

Alors que la mort semble avoir arrêté le temps et pris possession de tout l'espace, quelques rescapés sortent des feuillages et se pressent vers les officiers. Au total, 87 personnes ont miraculeusement échappé à ce massacre. Un massacre qui a ôté 913 fois la vie. Jim Jones, fondateur de la secte, a été trop lâche pour s'infliger le martyr qu'il a fait subir à ses victimes. Les troupes le retrouvent inanimé. Un orifice de balle dans le crâne. 

Des sévices corporels et des abus sexuels sur les fidèles

James Warren Jones naît en 1931 dans une famille pauvre de l'Indiana, un état rural au nord-ouest des États-Unis. Fils unique d'un père invalide et d'une mère ouvrière syndicaliste, il découvre très tôt la religion. À l'adolescence, le voilà dans les rues en train de prêcher la bonne parole d'une église pentecôtiste. En 1955, Jones, qui vient de devenir pasteur, fonde le Temple du peuple. Il s'exporte ensuite en Californie, près de San Francisco. 

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Là-bas, l'auréole de Jim Jones s'estompe bien vite. Il commet des sévices corporels et des abus sexuels sur ses fidèles. Dans le même temps, sous l'effet des drogues dures, le pasteur vire paranoïaque. Il affirme que le rêve américain n'existe pas et que le pire arrive. Une bombe nucléaire va s'écraser sur la planète et seul le Temple du peuple peut sauver l'humanité de cette destruction programmée.

Malgré ses dérives, l'ecclésiastique n'est jamais inquiété. Pour cause, il a corrompu les plus hautes autorités dont un responsable de la police. Par ailleurs, Jim Jones soutient le maire lors des élections municipales de San Francisco. Ce qui lui vaut, pour quelques temps, un poste de président de la commission pour l'habitat. Conscient que son carnet d'adresses ne pourra pas indéfiniment le protéger, il décide de s'exiler en Amérique du Sud, au Guyana.

Un camp de redressement isolé du monde extérieur

Convaincus par un mensonge dans lequel la CIA serait à leur recherche pour les interner en camp de concentration, les disciples de Jim Jones le suivent à plus de 6.000 kilomètres de chez eux pour défricher et construire des baraquements. Le village, édifié au milieu de nulle part, se veut être une cité idéale et autosuffisante. Il s'agit en réalité d'un camp de redressement. Les adeptes travaillent six jours sur sept, plus de douze heures par jour et sont surveillés par des gardes armés.

Les fidèles, privés de tout contact avec le monde extérieur, éprouvent des conditions de vie effroyables. La chaleur est accablante. Ils souffrent de malnutrition et dorment entassés sur des lits superposés. Quant à ceux qui souhaitent fuir, Jim Jones leur fait croire que les alentours sont extrêmement dangereux. Toutefois, un courageux parvient à quitter Jonestown et informe les autorités américaines des agissements du gourou Jim Jones. 

C'est ainsi que Leo Ryan, député de Californie, ouvre une commission d'enquête. Avec des journalistes, il se rend à Jonestown où il est accueilli à bras ouverts. L'illusion laisse rapidement place à un climat de tension. Certains bâtiments sont étonnamment fermés. Le comportement de Jim Jones lors de son interview laisse les visiteurs dubitatifs. 

Le 18 novembre 1978, l'équipée quitte le campement mais au moment de monter dans leur avion à Port Kaituma, un commando, piloté par Jim Jones, débarque et fusille le groupe. Léo Ryan et cinq autre personnes sont assassinées. Quelques heures plus tard, le gourou s'exprime devant les adeptes. Il les exhorte à boire "un remède". Face à Jones et ses hommes de main, ils s'exécutent. Le carnage sera découvert peu après par les soldats américains et le FBI.


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