"Je fais les choses comme Napoléon, en grand". Jean-Bedel Bokassa était un mégalomane qui s'est pris pour Napoléon Ier en se faisant couronner empereur de Centrafrique en 1977, avec un luxe indécent dans un des pays les plus pauvres de la planète. Il était avant tout un tyran qui a tenu d'une main de fer la Centrafrique pendant 14 ans. Cet ancien soldat de l'armée française a été décoré de la croix de guerre et est devenu président à la suite d'un coup d'État.
Il a torturé, assassiné et muselé la population. Obsédé par la peur d'un complot, Bokassa a imposé la censure. La corruption a aussi explosé et il a vidé les caisses de son pays pour s'offrir des châteaux magnifiques en France. Il est même surnommé "l'ogre de Centrafrique" car on l'a accusé de cannibalisme.
Despote sans état d'âme, il a fait preuve d'une cruauté sans limites et d'un esprit revanchard. Le président de la République de l'époque Valéry Giscard d'Estaing en a fait les frais à la fin des années 70 avec une sombre affaire de diamants qui va faire la une de la presse en France.
Jean-Bedel Bokassa est né en 1921 à Oubangui-chari, une colonie française qui deviendra plus tard la République centrafricaine. Son père, qui protestait contre les méthodes des colons, est assassiné par des Français et sa mère s'est suicidée de désespoir, le laissant orphelin à l'âge de 6 ans avec 11 frères et sœurs.
À 18 ans, en pleine Seconde Guerre mondiale, Jean-Bedel Bokassa s'est engagé dans les forces françaises libres du général de Gaulle. Puis, il est parti combattre en Indochine et en Algérie. C'était un soldat exemplaire. Il a été décoré de la croix de guerre et même de la Légion d'honneur.
Après 23 ans dans l'armée française, Bokassa fut nommé conseiller militaire technique de l'armée pour la création, la formation et l'encadrement de l'armée de la Centrafrique. Très vite, Bokassa a été nommé chef d'état-major de l'armée.
Le 31 décembre 1965, il a renversé son cousin, président, lors d'un putsch militaire. Durant ses premières années de pouvoir, il fut un chef d'État bâtisseur et construit une université, des écoles, des hôpitaux, un stade, un aéroport et des routes. Le général de Gaulle, que Bokassa surnommait effectivement "papa", lui a déroulé le tapis rouge lors d'une visite officielle en France. Bokassa apparaissait comme un dirigeant crédible aux yeux de l'ancienne puissance coloniale.
Assez rapidement, Bokassa s'est révélé être un véritable tyran. Il s'est proclamé président à vie, puis maréchal. Pas de Constitution, ni d'Assemblée nationale en Centrafrique, mais un parti unique.
Paranoïaque, persuadé que tout le monde conspire contre lui, Bokassa a jeté en prison des ministres, des opposants, des officiers et même des journalistes. Les historiens estiment que Bokassa a torturé et tué certains de ses opposants de ses propres mains.
Totalement égocentrique, Bokassa a fait ériger des statues à son effigie dans la capitale Bangui, où de nombreuses rues et avenues portaient son nom. Mais surtout, ce dictateur est un chef d'État cupide. Tandis que la Centrafrique était l'un des pays les plus pauvres de la planète qui vivait d'aides internationales, Bokassa gaspillait l'argent pour combler son insatiable folie des grandeurs.
Le dictateur possédait plusieurs propriétés en Suisse, en Belgique et en France. Dans l'Hexagone, il avait un château dans le département des Yvelines, cinq autres dans la région de la Sologne et des villas sur la côte d'Azur.
Le 4 décembre 1977, à Bangui, la capitale de Centrafrique, a accueilli au moins 3.500 personnes venues des quatre coins de la planète pour assister au couronnement de Jean-Bedel Bokassa, président de la République depuis 11 ans. Il est ainsi devenu Sa Majesté impériale, Bokassa Ier.
Bokassa a fini par s'éloigner de son allié français qui a diminué l'enveloppe d'aide au pays, pour se rapprocher du coup du colonel Kadhafi. Lâché donc par Valéry Giscard d'Estaing qui est à l'époque Président de la République française, Bokassa est chassé du pouvoir par des militaires français qui ont pris le contrôle de la Centrafrique.
Furieux, il a désiré se venger de Valéry Giscard d'Estaing. C'est là qu'éclate l'affaire des diamants. Le Canard enchaîné a révélé que Bokassa a offert en 1973, quand il était président de la Centrafrique, une plaquette de 30 carats à Valéry Giscard d'Estaing, qui était alors ministre des Finances. C'est un véritable scandale national en France.
En 1986, l'empereur déchu qui s'est exilé finit par rentrer en Centrafrique. Mais il est arrêté à la descente de l'avion et jugé par la cour criminelle de Bangui. 21 chefs d'accusation sont retenus contre lui, dont "actes de torture", "barbarie", "malversation" et même "cannibalisme".
Après six mois de procès, il est finalement acquitté pour la présomption de cannibalisme, mais il est tout de même condamné à mort. La peine a été finalement commuée en travaux forcés à perpétuité, puis à dix ans derrière les barreaux. Amnistié, Bokassa qui se proclame le 13ème apôtre du Christ, meurt dans la misère, d'une crise cardiaque en 1996 à l'âge de 75 ans.
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