Il est l'un des dictateurs africains les plus barbares de l'histoire du continent : Idi Amin Dada. En Ouganda, en Afrique de l'Est, au début des années 70, le pays est indépendant depuis quelques années seulement, après avoir été pendant longtemps une colonie britannique.
C'est là qu'Amin Dada, un ancien boxeur, prend le pouvoir par un coup d'État. Ce tyran sans pitié, cruel, raciste et paranoïaque est responsable de la mort de 300.000 à 500.000 personnes. Il torture, assassine, viole des femmes. On le suspecte même de cannibalisme.
Après huit ans d'un pouvoir sans partage, Amin Dada sera enfin déchu et laissera un pays exsangue et traumatisé. Caché en Arabie Saoudite, il ne sera jamais jugé pour ses actes et ne présentera aucune excuse. Il dira même un jour dans une interview : "Je n'ai pas de remords, juste de la nostalgie".
Idi Amin Dada naît en 1925 ou en 1928. On ne connaît pas la date précise. Il voit le jour dans une région reculée et désertique du nord-ouest de l'Ouganda. Il grandit dans un milieu pauvre où l'on vit au rythme de la lecture du Coran, des pratiques chamaniques et de la magie noire.
Comme les autres enfants de sa tribu, le petit Amin garde les chèvres et ne va pas beaucoup à l'école. Cette absence d'éducation et cette misère va nourrir chez lui un sentiment d'infériorité. Toute sa vie, Amin Dada détestera les riches, les intellectuels et l'élite.
À 20 ans, Idi Amin Dada change de cadre. Il est repéré par des recruteurs britanniques pour son physique déjà très imposant et il est incorporé dans l'armée coloniale. Il devient l'homme à tout faire. Puis peu à peu, on l'envoie dans des missions plus périlleuses, notamment mater une révolte au Kenya. Amin Dada se distingue déjà par sa cruauté et par son extrême violence.
Le surnom "Dada" vient de cette période militaire. Souvent surpris au camp avec deux filles sous sa tente, alors qu'une seule est autorisée, le jeune soldat prend l'habitude de répondre aux officiers britanniques que l'une est sa "dada", ce qui signifie "sœur" en langue swahili.
À l'époque, le futur dictateur fait beaucoup de sport, il pratique la natation, il pratique la boxe. Neuf ans d'affilée, il est champion dans sa catégorie poids lourd. A la même période, Amin Dada attrape la syphilis, une maladie qui va provoquer chez lui des crises de paranoïa et de schizophrénie qui deviendront de plus en plus fréquentes.
À l'occasion de l'indépendance de l'Ouganda en 1962, Amin Dada prend du galon. Il est d'ailleurs promu général et chef d'état-major de l'armée ougandaise par le nouveau président Milton Obote. Ce dernier n'écoute pas son entourage le mettre en garde contre cette nomination.
En ce début 1971, Amin Dada prendra le pouvoir. Assez vite, le nouveau dictateur ordonne des exécutions de masse. Les premiers sur sa liste sont les partisans de l'ancien président Obote. Puis, peu à peu, c'est tout le monde qui est concerné. Les prisons sont pleines à craquer de victimes torturées jour et nuit. La plupart de ces prisonniers sont fusillés, couverts d'un tablier blanc, afin que le sang soit plus visible.
D'autres prisonniers explosent sous l'effet de bâtons de dynamite jetés à l'intérieur des cellules. D'autres victimes sont noyées, écrasées par des chars de l'armée, brûlées dans la savane, jetées dans les turbines d'un barrage hydroélectrique ou livrées aux crocodiles des eaux du lac Victoria. Beaucoup de personnes disparaissent dans de mystérieux accidents de la route ou d'hélicoptères. Personne n'échappe à la folie barbare d'Amin Dada, des élites aux plus modestes.
Un jour, alors qu'il joue aux échecs dans un bar, Amin Dada est insulté par un mendiant estropié. Le dictateur le fait tuer et donne l'ordre d'assassiner tous les estropiés de la capitale ougandaise. En quelques mois, l'armée d'Amin Dada passe de 1.200 à 40.000 soldats. Elle est à l'origine de véritables massacres. Des escadrons de la mort, des soldats ne reculent devant aucune cruauté.
Idi Amin Dada lui-même torture, tue et se vante aussi d'être cannibale. Il dira un jour devant un auditoire médusé: "J'ai mangé du léopard". Amin Dada est également raciste. Une nuit, il fait un rêve dans lequel Dieu lui ordonne d'expulser d'Ouganda tous les Asiatiques arrivés à l'époque de la colonisation britannique. Dès le lendemain, le dictateur ordonne le départ dans les trois mois des Indiens et Pakistanais du pays et la confiscation de leurs biens.
Le dictateur va expulser les juifs d'Ouganda et approuve la Shoah. En 1976, Amin Dada accueille à bras ouverts un vol Paris-Tel Aviv détourné par des terroristes palestiniens à l'aéroport de la ville ougandaise d'Entebbe.
Amin Dada fait le tri entre les passagers, juifs et non-juifs, puis il soutient les terroristes. Avant qu'une opération de sauvetage menée par Israël ne libère finalement les passagers terrorisés et humilie Amin Dada, qui par vengeance fera exécuter tous les employés de l'aéroport dès le lendemain.
En 1978, cela fait sept longues années qu'Amin Dada est à la tête de l'Ouganda. Plusieurs coups d'État ont été tentés, mais ils ont tous échoué. Amin Dada s'est autoproclamé maréchal et président à vie, et le pays vit dans la peur. Le dictateur lance régulièrement des vagues d'exécution.
Après plus de 8 ans à avoir gouverné d'une main de fer, Amin Dada quitte le pouvoir en catimini. Et là, c'est la stupeur. Les libérateurs retrouvent des têtes de ses opposants dans les congélateurs du palais présidentiel. Amin Dada, lui, dans un premier temps, va s'exiler en Libye, puis il file en Arabie Saoudite.
Les années passent et Amin Dada reste en Arabie Saoudite où il mène grand train dans sa villa avec voiture de luxe et une belle rente en plus de l'argent mis au chaud dans les banques suisses. Aucune juridiction internationale ne lui demande de compte et c'est sans avoir été inquiété qu'Amin Dada mourra finalement en 2003.
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