Couronne de 6.000 diamants, sceptre d'or et carrosse de bronze et d'or : le récit du couronnement de Bokassa Ier

Bokassa Ier. Le 4 décembre 1977, Jean-Bedel Bokassa, dictateur de Centrafrique depuis onze années, se proclamme empereur. Ce mégalomane est fasciné par Napoléon Ier qui va largement inspiré son intronisation. À Bangui, à l'intérieur de la grande salle du Palais des Sports, au moins 3.500 personnes venues des quatre coins de la planète s'installent pour assister au couronnement de Jean Bedel Bokassa

Sa majesté impériale, Bokassa Ier, adore la France, l'histoire de France, la culture française et ses richesses. Pour ce couronnement, tout rappelle Bonaparte. Bokassa est installé sur un immense trône en velours rouge, taillé dans le corps d'un aigle, aux ailes dorées à la feuille d'or. 

Le tyran porte un costume à épaulettes brodées d'or, signé Pierre Cardin, et sur sa tête, une coiffe faite de perles incrustées de diamants, sans oublier bien évidemment la couronne de laurier d'or qui rappelle encore Napoléon Ier. 

773 carats

À quelques mètres de lui, son épouse Catherine, est vêtue d'une robe incrustée d'or et de diamants. Elle est également assise sur un trône. Lors de cette cérémonie, les officiers de la garde impériale mettent sur les épaules de Bokassa un manteau de 12 mètres de long en velours rouge. Il est entièrement doublé d'hermine et brodé d'aigle, de soleil et d'étoiles d'or. 

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Puis Bokassa, le visage fermé, se saisit d'une magnifique couronne. Au centre figurent 16 armoiries et un bandeau doré d'hermine, surmonté d'une carte en or qui représente le continent africain. La couronne est sertie de 6.000 diamants, émeraudes et rubis pour un total de 773 carats. Il reçoit ensuite le dernier insigne de son sacre, le long sceptre de 4,5 kilogrammes d'or. 

Sous les applaudissements des 3.500 convives, Jean-Bedel Bokassa devient à cet instant l'empereur Bokassa Ier. Et comme Napoléon au siècle précédent avec Joséphine, il couronne son épouse Catherine, agenouillée devant lui. 

Un dîner fastueux

Puis l'orchestre de la garde républicaine, venu spécialement de France, joue La Marche impériale. A la fin de la cérémonie, le nouvel empereur Bokassa Ier remonte les rues de Bangui, à bord d'un carrosse de bronze et d'or tiré péniblement par des chevaux importés de Normandie. Deux chevaux finiront d'ailleurs par mourir à cause de la chaleur. 

C'est donc en limousine que Bokassa Ier termine le défilé, avant un dîner fastueux avec couverts style empire, caviar, écrevisses, foie gras et champagne. Mais ce banquet va être marqué par un nouveau raté. L'envol de tourterelles n'a pas lieu, car les oiseaux sont morts de chaleur. Heureusement, le feu d'artifice, lui, fait oublier cela. 

Le lendemain, le 5 décembre 1977, un grand défilé est organisé dans les rues de la capitale. Cette cérémonie hors du temps, ubuesque, alors que la majorité de la population centrafricaine vit dans la misère, fait rire le monde entier. 

Preuve que ce couronnement est une farce grotesque, un jeune étudiant en droit, Didier Pigano, a réussi à se faire inviter au sacre en se faisant passer pour le souverain de Basoche, un royaume totalement imaginaire. 

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