Erich Honecker, le dirigeant au double visage, entre austérité communiste et plaisirs de l'Ouest

Le 13 août 1961. Une date inscrite à jamais dans l’Histoire. Ce jour-là, le mur de Berlin s’est dressé dans le paysage allemand, séparant la métropole en deux parties, en deux mondes. Derrière ce rideau de béton se cachait un impitoyable architecte : Erich Honecker. Un homme politique terriblement autoritaire dont l’apparente frugalité tranchait avec son amour pour les plaisirs de l'Ouest.

C'est bien loin de ces préoccupations qu'Erich est né en 1912. Chez les Honecker, il y avait cinq bouches à nourrir, auxquelles s’ajoutaient Caroline, sa mère, et son père Wilhelm qui exerçait en tant qu’ouvrier dans le bassin industriel de la Sarre.

Erich a marché dans les traces du paternel et dès ses 14 ans s’est engagé dans les jeunesses communistes. Puis, il a poursuivi sa route au sein du KPD, le parti communiste allemand. Ce choix l’a amené à rencontrer Joseph Staline lors de ses années d’études à Moscou. Une rencontre qu'il a qualifiée comme l'événement le plus important de sa vie. 

En 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier d'Allemagne et peu à peu les communistes remplissent les prisons du régime en place. Erich Honecker n'a pas échappé à la règle, il a, lui aussi, été écroué. Contre toute attente, c'est dans sa geôle qu'un penchant pour la séduction s'est révélé puisqu'il a entretenu une liaison avec sa gardienne nazie, Charlotte Schanuel. Et c'est cette même geôlière qui lui a permis d'échapper à la captivité pour quelques semaines. De cette aventure a découlé un mariage qui a pris fin au bout de deux ans, à la mort de Charlotte. 

Pornographie et adultère

Fin stratège, Erich Honecker s'est rapproché de Léonid Brejnev et a fomenté un coup contre son homologue allemand. Un échec. Cette déroute lui a valu d'être évincé du bureau politique. Il a donc opté pour la manière forte et a envoyé ses gardes du corps déloger Walter Ulbricht de son trône, toujours avec l'accord de Brejnev. 

En 1971, le natif de la Sarre a donc pris les rennes du SED. À la tête du parti communiste allemand, Erich Honecker a mené une politique de défiance vis-à-vis de son voisin et frère ennemi : la République fédérale d'Allemagne. Regarder la télévision ou même lire des journaux de l'Ouest constituaient des actes délictuels.

À cette pression s'ajoutait un espionnage rigoureux de la Stasi, la police politique se chargeant de traquer les potentiels opposants au régime. Au total, le secrétaire général du SED est responsable de 3.000 arrestations et parmi les 136 personnes recensées par le mémorial du mur de Berlin comme étant mortes en raison de son existence, 67 ont été abattues par les gardes-frontière est-allemands.

Si son esprit n'était occupé que par cette implacable sévérité, son cœur quant à lui réclamait quelques moments de tendresse. Erich Honecker était un homme à femmes. Il employait une masseuse personnelle, se donnait à plusieurs maîtresses et de ces unions extra-conjugales naissaient de nombreux enfants illégitimes. Son épouse Margot le lui rendait bien puisqu'elle s'essayait elle aussi à l'adultère. Le Don Juan germanique était également un sérieux amateur de films pornographiques qu'il importait clandestinement depuis l'autre côté du rideau de fer. 

Pas d'excuses présentées aux proches des victimes

Principal artisan de la construction du mur de Berlin, ce dirigeant a aussi connu sa chute et le bruit des pierres qui se brisent ressemblait étonnamment au glas de sa fin de carrière dans le parti communiste. En 1989, Erich Honecker a été contraint de démissionner du parti communiste. Un an plus tard, il a été poursuivi en justice par la République démocratique allemande pour trahison, abus de pouvoir et corruption. Ce statut de paria l'a poussé à prendre une décision radicale, celle de quitter la mère patrie pour rejoindre le Chili et ainsi profiter de la protection d'Augusto Pinochet.

Atteint d'un cancer du foie, Erich Honecker s'est éteint à l'âge de 81 ans, à Santiago du Chili, laissant dans son sillage une empreinte indélébile dans la vie de plusieurs millions de familles allemandes. Malgré les atrocités qu'il a commises (exécutions arbitraires, répression, emprisonnements), il n'a jamais regretté ni présenté ses excuses aux proches des victimes. 

>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Vicent Parizot retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire. 

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info