3 min de lecture
Martin Dumollard : qui était le premier meurtrier identifié comme un tueur en série en France ?
PODCAST - Vers 1850, Martin Dumollard a frappé, violé et enterré les dépouilles de ses proies. Toutes des jeunes filles et des domestiques. Il est le premier meurtrier de l'histoire de France, voire d'Europe, à être identifié comme un tueur en série.
Portrait du tueur en série Martin Dumollard (1810-1862) assassin de domestiques lyonnaises entre 1855 et 1865
Crédit : The Holbarn Archive/Leemage Bridgeman Images via AFP
En 1861, la France a découvert avec effroi l'existence des meurtriers des temps modernes que l'on surnommera plus tard les "serial killers", les tueurs en série. Martin Dumollard avait pour macabre spécialité de tuer, puis violer des domestiques. Son mode opératoire est toujours le même.
Dix ans auparavant, Martin Dumollard habitait avec sa femme à Dagneux, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Lyon. Les jeunes filles qu'il abordait dans les rues de Lyon sont des bonnes, qui cherchent du travail dans des maisons bourgeoises. Martin Dumollard leur racontait qu'il était missionné par son maître pour trouver une bonne dans son château. Il leur promettait aussi un salaire supérieur à ceux pratiqués à l'époque.
Arrivés à Montluel à la tombée de la nuit, Martin Dumollard prétextait connaître un raccourci pour passer par la forêt. Dans les bois, le tueur attrapait sa victime avec une corde qu'il lançait autour de sa gorge, une sorte de lasso. Il l'étranglait, la jetait à terre, et la frappait violemment avec une pierre ou un bout de bois. Ensuite, il la déshabillait entièrement, la violait et l'enterrait. L'une de ses victimes a même été enterrée vivante.
Martin Dumollard ne s'arrêtait malheureusement pas là : il conservait les vêtements de ses victimes, les chaussures et les objets personnels. Ce tueur en série était une sorte de fétichiste qui aimait avoir auprès de lui l'intimité des femmes qu'il massacrait. Plus glauque encore, il demandait à sa femme de passer les vêtements des personnes mortes.
Son père arrêté et écartelé
Le père de Martin Dumollard était un criminel qui a fui la Hongrie pour se réfugier en France. Il naît en 1810, sous l'Empire et grandit dans une famille très pauvre. Son père travaillait comme berger et sa mère faisait des ménages. En 1813, le couple a eu un deuxième enfant, prénommé Raymond qui meurt prématurément. Après la mort de ce petit frère, tout le monde affublait Martin de son prénom. Il était donc couramment prénommé Raymond par son entourage.
En 1814, les guerres napoléoniennes ont connu un véritable tournant. La France fut attaquée par une coalition qui regroupait les Russes, les Anglais et l'empire austro-hongrois, dont les troupes franchissent les frontières de l'Est. Le père de Martin a dû fuir, de peur d'être reconnu.
Ses crimes étaient assez sérieux pour que de simples soldats puissent le reconnaître et le jeter en prison. La famille Dumollard a donc fui à Padoue, en Italie. Mais le patriarche finira pas être arrêté et... écartelé en public. Martin qui n'a alors que 4 ans, a été témoin avec sa mère de l'épouvantable scène.
1.200 vêtements de femmes retrouvés à son domicile
Martin Dumollard a fini par rentrer en France avec sa mère. Sans travail et sans famille proche pour l'aider, elle est devenue mendiante. À 8 ans, Martin Dumollard est devenu berger. En 1840, alors qu'il travaillait comme domestique dans un château, Martin Dumollard rencontre Marie-Anne Martinet et l'épouse quelques mois plus tard.
Le 26 mai 1861, Martin Dumollard a rencontré Marie Pichon à Lyon. Comme les autres victimes, elle a décidé de le suivre à la gare de Montluel. Mais une fois dans la forêt, elle a senti que quelque chose n'aillait pas : elle l'a surpris à chercher une grosse pierre. Au moment où il a sorti son lasso, elle a eu le réflexe de lever les bras et il a raté son coup. Marie Pichon s'est alors enfui dans la nuit. La police a fouillé la maison des Dumollard et retrouvé des affaires appartenant aux victimes.
Martin Dumollard a été jugé et condamné à mort. Son épouse a écopé de 20 ans de travaux forcés. Il a été condamné pour les trois meurtres qu'il a reconnus et pour neuf agressions au cours desquelles les victimes ont réussi à s'enfuir. Mais chez lui, les enquêteurs ont retrouvé plus de 1.200 vêtements de femmes. Robes, chaussures, gilets, bonnets, corsets...
>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Éric Brunet retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.
