D'où vient la couleur rouge, qui s'impose comme la tendance mode de cette rentrée ?

Le rouge va mettre le feu à notre vestiaire à partir de cet automne. L'occasion de revenir sur l'histoire de cette couleur incontournable car dès la rentrée, et même en hiver, la mode sera au rouge ou ne sera pas. 

Toutes les marques vous proposeront des pièces rouges : manteaux en fourrure, vestes en cuir, chemises en soie, robes en tweed et pulls en cachemire, chapeaux, gants, foulards, collants, chaussettes et escarpins… du rouge, du rouge, encore du rouge. Du plus vif au carmin, le plus foncé, il vous sera proposé en total look, ou par petites touches.

Valentino est le premier grand couturier à avoir fait du rouge sa couleur fétiche. En 1959, il crée sa première robe rouge vif, qu'il baptise "Fiesta". Depuis, pas une de ses collections ne sort sans inclure des modèles en rouge. En 1991 sont arrivées les fameuses semelles rouges de Louboutin. Et c'est depuis 1925 que RTL est en rouge. Un logo loin d'être choisi au hasard, puisque le rouge est une couleur à la symbolique très forte. 

Et il ne faut pas se tromper de ton, parce qu'il y en existe de toutes sortes. Petite révision historique pour ne pas commettre d’impair et en rougir de honte.

Le rouge ocre, une couleur ancestrale

Si vous optez pour le rouge ocre par exemple, qui sera l'un des tons à la mode cet hiver, sachez que c'est la première des couleurs maitrisées par l’homme en occident. Au Paléolithique, c’est en rouge, obtenu à partir des terres ferrugineuses, que les hommes peignaient chevaux, bisons et autres buffles sur les parois des grottes. C’est aussi en rouge ocre que nos ancêtres chasseurs peignent leur corps et le lit de leurs défunts comme ultime protection pour leur voyage dans l’au-delà. C'est la plus magique des couleurs. 

La couleur du pouvoir

Pour le pouvoir, il y a le rouge garance, couleur extraite de la fleur de garance. Et le rouge vermillon, obtenu à partir d’un insecte, un parasite de chêne nommé Kermes vermilio. Ces deux couleurs, très à la mode au Moyen-Âge, ont habillé empereurs et grands ecclésiastiques. Même la soutane du pape était rouge à l'époque. Les teinturiers aimaient tellement le rouge qu'ils en ont inventé une quinzaine de tons. Ceux qui tirent vers le rose ou l’orangé, les sombres, les grisés, les violacés ou les brunis. 

Et comme les colorants coûtent cher, et que tout ce qui est cher est chic, l’aristocratie s’en empare. Le rouge devient couleur de richesse. On se souvient des souliers à talons rouges portés par Louis XIV. À la cour, marquis et comtesses les plus fortunés ne se chaussent que de rouge, on les appellera donc des "talons rouges". Et, même chez les paysannes, la robe de mariée est rouge. 

C'est la couleur de l'amour explique Michel Pastoureau, dont le livre consacré au rouge est un best-seller : "Les plus anciennes traces [de rouge, ndlr] datent des environs de l'an 1000, et cela dure jusqu'au XIXe siècle", précise-t-il, joint par RTL. Durant très longtemps, les "teinturiers de village" ont davantage maîtrisé le rouge, indique encore l'auteur. Leurs plus belles robes et étoffes étaient donc celles confectionnées en rouge. 

De l'amour à la guerre

Du VIe au XVe siècle, le rouge écarlate est en effet la couleur de l’amour, mais aussi de la virilité comme de la féminité. C’est la couleur qui porte chance. D'ailleurs, la croyance qui stipule que porter des sous-vêtements rouges le soir de la Saint-Sylvestre favorise l'amour persiste encore de nos jours.

Mais dès le XVIe siècle, les choses se brouillent pour le rouge. C'est la faute des protestants : "La réforme protestante voit dans cette couleur quelque chose de trop voyant, d'indécent, d'un luxe inutile", explique l'historien Michel Pastoureau. Elle part donc en guerre contre cette couleur, dès lors associée au sang, au feu. De plus, "c'est la couleur du pape, et du parti papiste", ajoute-t-il. Le rouge devient donc une couleur clivante, à proscrire chez les protestants.

L'incarnation du péché

À partir du XVIe siècle, le rouge sombre, presque terne, devient la couleur de l’immoralité et l’incarnation du péché. Le diable et Marie Madeleine sont représentés vêtus de rouge. Les prostituées sont obligées de porter une pièce de vêtement rouge, pour qu’on les distingue dans la rue des honnêtes femmes. Une lanterne rouge indique l’entrée des maisons closes.

Et quand il va s’agir d’attribuer des couleurs aux sept péchés capitaux, le rouge rafle trois oscars : l’orgueil, la colère et la luxure. Les simples d’esprit se voient à leur tour tenus de porter sur eux au moins une pièce de tissu rouge, et bien visible. Le rouge est tellement commun que le pape décide de changer la couleur de sa soutane, qui passe du rouge au blanc, qui devient alors symbole de pureté. 

Le rouge de la Révolution

Le rouge est aussi la couleur de la Révolution, de la contestation et de la violence. D’après la chanson, le drapeau rouge des révolutionnaires est teinté du sang des ouvriers. En 1917, les Soviets s’emparent du Palais d’Hiver et du rouge. Quarante ans plus tard, Mao publie un petit livre qui aura la couleur du plus gros bestseller de tous les temps. La Chine communiste est aussi rouge que l’impériale était jaune ! 

Mais par les temps qui courent, il est important de préciser que le rouge est une couleur de droite, comme de gauche, même s'il est chanté par Michel Sardou.

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