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Crise des otages américains en Iran : l'incroyable plan de la CIA pour sauver des diplomates

PODCAST - En 1979, en pleine révolution iranienne, l'opération "Canadian Caper" transforme une mission d'exfiltration en un chef-d'œuvre d'ingéniosité. Lorànt Deutsch vous plonge dans cette aventure incroyable où la CIA, avec l'aide d'Hollywood, est parvenue à sauver des diplomates américains en danger.

Manifestations à l'ambassade des États-Unis à Téhéran (1979)

Crédit : AFP

La CIA à Téhéran : un film pour sauver les otages

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En janvier 1979, l'Iran est en pleine ébullition. Le pays, autrefois dirigé par le Shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, un allié fidèle des États-Unis, est renversé et l'Ayatollah Khomeini prend le pouvoir. Dans ce climat de tension, les États-Unis prennent une décision qui va enflammer les esprits : ils accueillent le Shah sur leur sol pour des raisons médicales. Ce geste, perçu comme une provocation par le nouveau régime iranien attise alors la colère.

Au fil des mois, les relations entre l'Iran et les États-Unis se dégradent, et les manifestations anti-américaines se multiplient. Le 4 novembre 1979, tout bascule lorsque l'ambassade des États-Unis à Téhéran est prise d'assaut par un groupe de 300 à 400 étudiants iraniens. Motivés par un désir de mettre fin à l'ingérence américaine dans les affaires intérieures de l'Iran, ils espèrent renforcer la position du nouveau régime islamique. Une fois à l'intérieur, ils capturent 52 Américains et les retiennent en otage. Tout est soigneusement planifié. Les otages sont exhibés devant des caméras de télévision, les yeux bandés et les mains liées. Ces images font rapidement le tour du monde.

Dans ce chaos, six personnes réussissent pourtant à s'échapper discrètement de l'ambassade. Mais les rues de Téhéran sont étroitement surveillées par des miliciens et des soldats et le danger est partout. Si ces Américains sont découverts, ils risquent d'être à nouveau capturés par les dirigeants iraniens. La situation devient alors une question de vie ou de mort...

L'ambassadeur canadien Ken Taylor, conscient des dangers imminents pour les diplomates américains cachés à Téhéran, alerte les autorités américaines pour éviter une crise diplomatique majeure. En tant qu'allié, il espère mobiliser les ressources nécessaires pour orchestrer une opération de sauvetage. La CIA élabore alors un plan digne des plus grands films hollywoodiens. L'agence de renseignement envisage une exfiltration, avec un plan risqué : déguiser les six diplomates américains en Canadiens employés par une société de production fictive située à Hollywood. Une opération baptisée "Canadian Caper".

L'incroyable exfiltration des diplomates Américains : un plan digne d'Hollywood

Chaque détail est soigneusement pensé pour donner vie à cette supercherie. Le gouvernement d'Ottawa accepte de fournir de vrais-faux passeports et visas. Un scénario de film de science-fiction intitulé Argo est rédigé, des storyboards sont créés, et des publicités sont placées dans des magazines spécialisés pour annoncer le prétendu tournage. Des cartes de visite sont même imprimées pour chaque membre de l'équipe.

Cette couverture doit convaincre les autorités iraniennes que les diplomates ne sont rien d'autre qu'une équipe de tournage en repérage, et non des fugitifs cherchant à fuir le pays. Pour mener à bien cette mission périlleuse, il faut agir avec une discrétion absolue. Les diplomates sont alors séparés en deux groupes : deux restent dans l’appartement de Ken Taylor, l'ambassadeur canadien, tandis que les trois autres sont cachés dans une résidence de l’ambassade. Peu après, un sixième diplomate, réfugié à l'ambassade de Suède, est transféré pour rejoindre le groupe. Tout est mis en œuvre pour éviter qu'ils ne soient découverts...

Mais voilà qu'une erreur dans les papiers menace de faire échouer l'opération. Les visas, déjà envoyés à Téhéran par le biais du courrier diplomatique canadien, comportent des incohérences qui pourraient éveiller les soupçons des autorités iraniennes. Antonio Mendez, le cerveau de l'opération, sait qu'il n'y a pas le droit à l'erreur. Avec sang-froid et détermination, il se rend personnellement à Téhéran avec un expert en faux documents pour s'assurer que les visas soient acceptés par les autorités iraniennes. Il coordonne aussi les derniers préparatifs et s'assure que chacun connaît son rôle et sa fausse identité. Pendant ce temps, les Iraniens fouillent l'ambassade américaine et commencent à réaliser que certains fonctionnaires manquent à l'appel... L'étau se resserre.

Le passage à l'aéroport de Téhéran : l'ultime épreuve

Le 27 janvier 1980, Antonio Mendez, son collègue, et les six diplomates américains, conscients de l'enjeu, se préparent à vivre l'une des journées les plus stressantes de leur existence. Les diplomates, munis de leurs passeports habilement falsifiés, se dirigent vers l'aéroport de Téhéran. Mark Lijek, accompagné de sa femme, est le premier à se présenter aux contrôles. Ils passent tous les barrages sans éveiller de soupçons, leur couverture tient bon. Une fois à bord du vol Swissair, en route pour Zurich, la tension commence enfin à retomber. Ce n'est réellement qu'après avoir quitté l'espace aérien iranien qu'ils réalisent que le pire est derrière eux.

L'opération est saluée par la communauté internationale et cette incroyable histoire d'espionnage inspirera plus tard le film Argo, réalisé par Ben Affleck, qui remportera l'Oscar du meilleur film en 2013, prouvant que, parfois, la réalité dépasse la fiction. Quant aux 52 autres otages américains retenus dans l'ambassade, les États-Unis ont déployé diverses stratégies pour obtenir leur libération, y compris des sanctions économiques et une opération militaire de sauvetage qui a échoué. Finalement, ils seront libérés le 20 janvier 1981, le jour même de l'accession à la présidence de Ronald Reagan, après 444 jours de captivité, marquant ainsi la fin d'une crise diplomatique majeure.

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