"Le Dernier tango à Paris" : pourquoi le film a-t-il fait scandale deux fois, à 45 ans d'écart ?

Mercredi 19 juin sort au cinéma, le fim Maria, le biopic de l’actrice Maria Schneider devenue célèbre en tournant dans le film Dernier Tango à Paris. L'occasion de vous expliquer pourquoi ce film a fait deux fois scandale à 45 ans d’écart. Sorti en 1972, ce film culte raconte l’histoire de Paul, un quadragénaire veuf, joué par Marlon Brando, et de Jeanne, une jeune femme sur le point de se fiancer, jouée par Maria Schneider. 

Tous les deux se rencontrent par hasard en visitant un appartement à louer à Paris où, pris de pulsions sexuelles, ils vont se livrer en secret à des ébats érotiques sans tabou. Avec cette fameuse scène à la réplique inoubliable "Passe-moi le beurre". Mais cette scène n'était pas vraiment prévue.

C’est le nœud du problème et du double scandale. Le premier, c'est que le film est à sa sortie interdit aux moins de 18 ans en France, classé X dans certains pays, condamné par le Vatican, ce qui a valu à son réalisateur Bernardo Bertolucci d’être déchu de ses droits civiques pendant cinq ans. Et de voir toutes les copies du film condamnées par la justice à être détruites. Ce ne sera pas le cas mais les Italiens devront attendre 1988 pour voir le film au cinéma. Quant à Marlon Brando, devant le tollé à la sortie, il renie ce film.

Une scène sexuelle non-consentie par Maria Schneider

Pourtant, Marlon Brando ne devait initialement pas jouer dans cette réalisation. Son rôle avait d’abord été proposé à Jean-Louis Trintignant, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Mais Marlon Brando, sur le tournage, devient rapidement ingérable, imposant des choses à Bernardo Bertolucci, incapable de s’opposer à lui. 

C’est justement la source du deuxième scandale en 2016. Quelques mois avant l’apparition du hashtag MeToo, une interview du réalisateur italien ressurgit. Donnée trois ans plus tôt, il y avoue que cette fameuse scène de sodomie, qui ne figurait pas au scénario, il l’a décidée le matin-même de la tourner. Au petit déjeuner alors qu’avec Marlon Brando, il beurrait ses tartines.

Mais Maria Schneider n'était pas au courant. Bernardo Bertolucci voulait la prendre par surprise pour tirer d’elle la réaction la plus réaliste possible. Et ses larmes dans le film lors de cette scène sont réelles.  

Par la suite, Maria Schneider dira avoir eu le "sentiment d’un viol". Les producteurs ne lui proposeront par la suite plus que des rôles libertins, elle subira à vie des plaisanteries balourdes et finira par tomber dans la dépression, la drogue et les tentatives de suicide. Avant de mourir en 2011, à 58 ans.