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Portrait d'Alain Delon en mars 1976
Crédit : AFP
Un grand fauve est mort : icône du cinéma mondial, acteur instinctif à la beauté incandescente mais aussi réac assumé à l'ego énorme, Alain Delon s'est éteint ce dimanche 18 août à l'âge de 88 ans.
Il disait avoir "tout eu" grâce à sa beauté avec sa gueule d'Apollon dont il a joué tout au long de sa carrière en une multitude de nuances, du solaire au glacial. Une beauté qui l'a aussi dérangé en se voyant toujours offrir le rôle de jeune premier, alors qu'il voulait les rôles de mauvais garçons.
Son physique et son ego avaient, selon Caroline Mangez, directrice de la rédaction de Paris-Match (invitée de RTL en janvier dernier), impacté la relation tumultueuse qu'il entretenait avec ses fils, Anthony et Alain-Fabien. "C'est quelqu'un qui n'a pas envie d'avoir un double de lui-même et ses fils lui ressemblent très fortement", avait-elle fait remarquer.
Son magnétisme, ses yeux bleu glacier, son regard qui tue, sans compter une discrète cicatrice au menton, héritée d'un accident de voiture à 23 ans pendant un tournage : plus que tous les autres grands acteurs français, Alain Delon avait un physique de légende américaine, façon mâle alpha.
"Hollywood avait eu Brando, Eastwood, Redford, Beatty, Newman, dans des genres de beauté différents (...) En France, Delon portait seul à ce point la beauté", écrivait Jean-Marc Parisis dans un Problème de beauté, biographie romancée de l'acteur.
Son physique détonnait dans le cinéma français des années 50, marqué par des "gueules" à la Lino Ventura ou Jean Gabin... Sans compter son contemporain, Jean-Paul Belmondo et son nez de boxeur.
Pendant masculin de Brigitte Bardot, l'autre canon de beauté de l'époque, l'acteur a eu la chance de ne pas être réduit à cette plastique, qu'il a pu utiliser comme une arme, et qui explose à l'écran dès 1960.
C'est Plein Soleil, de René Clément, où il interprète Tom Ripley, un troublant assassin tout en duplicité, chargé par un riche Américain de l'aider à rapatrier son fils, qui lézarde en Italie avec sa compagne (Marie Laforêt).
L'occasion de l'un des plans iconiques de sa carrière, celui où il apparaît torse nu, à la barre d'un voilier, en pleine Méditerranée. "Quand on m'a proposé de faire du cinéma, je posais la question : 'Pourquoi moi?' Et (...) on me parlait de cette beauté en permanence", confiait Alain Delon à Paris Match en 2028.
La légende familiale veut que petit, sa mère Édith (à qui il devait sa beauté) le promenait au parc de Sceaux avec un écriteau sur la poussette, "Regardez-moi, mais ne me touchez pas!".
L'acteur racontait avoir compris que son physique lui procurait un pouvoir en séduisant des femmes, souvent plus âgées que lui. "Elles étaient folles de moi parce qu'il paraît que j'étais beau. Elles m'ont donné cette chance, de faire du cinéma."
Et quand on lui demande à la télévision en 1990 si "ça a été chiant d'être beau?", il répond, sans fausse modestie : "C'est un problème si on est beau et con, ce qui n'est pas mon cas."
Le réalisateur qui aura le plus esthétisé le corps de Delon reste probablement Jacques Deray, dont la caméra caresse son corps musclé, au bord du bassin ensoleillé de La Piscine (1969), tourné sur les hauteurs de Saint-Tropez, dans un face à face avec son ancienne fiancée, Romy Schneider.
Des images que Dior réutilisera quarante ans plus tard, préférant les muscles de Delon à des beautés plus contemporaines pour vendre son parfum "Eau Sauvage".
À ce Delon séducteur répond un autre canon, celui d'une beauté glaciale dans les plus beaux polars de l'acteur au regard de tueur et au visage fermé, exploité notamment par Jean-Pierre Melville dans Le Samouraï (1967).
L'histoire retiendra aussi les affiches de Borsalino, chapeau vissé sur la tête, ou celle du Clan des Siciliens, pistolet pointé sur le spectateur, aux côtés de Gabin et Ventura.
Après la mort de Delon, disparaît peut-être aussi l'idée d'acteurs répondant à un canon de beauté universel, dans un cinéma qui tente de se défaire des stéréotypes et s'ouvre à une plus grande diversité.
Brigitte Bardot, sa contemporaine, était formelle : "Il n'y a pas de nouveau Delon parmi les nouveaux acteurs français. Barbus, chauves, mal fringués... On se demande où sont passés les gènes de la beauté!", déclarait-elle en 2018.
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