Un monstre sacré du cinéma. Alain Delon est décédé à l'âge de 88 ans ce dimanche 18 août, ont annoncé ses trois enfants dans un communiqué commun. Le "grand fauve" s'est éteint "sereinement" dans sa maison de Douchy, entouré de ses enfants et des siens. L'acteur iconique, qui fascinait et divisait à la fois, a marqué l'histoire du septième art.
Victime d'un double AVC en 2019 et atteint d'un lymphome, la star à vécu ses dernières années dans la solitude de sa résidence de Douchy dans le Loiret, entouré de ses fantômes, comme il le disait. Il aura cherché toute sa vie à être aimé, que ce soit par ses pairs, le public ou ceux qui ont partagé sa vie.
Ses débuts fracassants au cinéma, il les doit à "sa belle gueule". Repéré par l'actrice Brigitte Auber avec qui il entretient une liaison amoureuse, il entre dans le milieu du cinéma, sans avoir fait aucune formation. Il fait sa première apparition au cinéma dans le film Quand la femme s'en mêle d'Uves Allégret en 1957.
On le découvre ensuite, jeune premier flamboyant, militaire autrichien, dans Christine en 1958, aux côtés de l’un des amours de sa vie, la jeune star allemande de Sissi, Romy Schneider. À partir de là, les rôles s'enchaînent et sa carrière décolle en 1960 avec le film Plein Soleil de René Clément qui devient un succès international. Il éclipse ses rivaux de l’époque et ringardise les canons de la beauté masculine de l’époque comme Jean Marais ou Gérard Philippe.
Grâce aux films, Rocco et ses frères et La Tulipe noire de Christian Jacques, Alain Delon s’impose au sommet, une place qu’il ne quittera plus durant deux décennies. Un fauve est lâché, prêt à tout dévorer : un talent félin qu’il démontre dans Le Guépard de Luchino Visconti en 1963.
En parallèle de ces succès cinématographique, le comédien qui tente aussi de construire sa vie d’homme. Sa liaison avec Romy Schneider, son mariage avec Nathalie, la naissance de son fils Anthony puis sa rencontre avec Mireille Darc font les gros titres : génériques glamour d’un film qui passionne le public.
Trentenaire et au sommet de sa carrière, il se réinvente et tente encore d’autres choses, comme pour brouiller la piste d’un chemin qu’il a voulu tortueux, comme dans Le Samouraï de Melville en 1967 ou La Piscine de Jacques Deray en 1968. En 1969, dans Le Clan des Siciliens de Verneuil en 1969, il montre une autre facette de son talent d'acteur : plus rugueuse, plus sombre, plus violente.
Désormais, Alain Delon alternera films populaires et productions moins consensuelles. Adoubé par Gabin, il se frotte aux autres monstres sacrés du cinéma français. Il se lie d'amitié avec celui qui deviendra aussi son concurrent, Jean-Paul Belmondo, dans Borsalino en 1970.
La même année, il donne la réplique à Bourvil dans Le Cercle rouge. Viennent ensuite Un flic et La veuve Couderc, Les Granges brûlées et Deux hommes dans la ville, Zorro et Les Seins de glace. C’est le temps aussi de Monsieur Klein et de Mort d’un pourri.
À la fin des années 70, Alain Delon est une superstar : acteur, producteur, homme d’affaires. Son nom est une marque qu’il arbore en haut des affiches de ses films comme sur les paquets de cigarettes que l’on s’arrache en Asie. Seul échec vite digéré, celui d’une carrière américaine tentée avec Airport 80 Concorde, série B, un film catastrophe dans tous les sens du terme.
À partir de 1980, l’acteur comprend que pour durer, il doit se faire plus rare, faire de chaque film un événement, face à une nouvelle génération qui arrive, celle des Depardieu, Lanvin, Dewaere, avec laquelle il ne se mêlera jamais, comme en témoigne le film Trois hommes à abattre de Jacques Deray en 1980.
Le fauve Delon ralenti, mais continue d'accumuler les gros succès : Pour la peau d’un flic, Le battant ou Parole de flic en 1985. Si le public est quasiment à chaque fois au rendez-vous de ces productions viriles et violentes, il boude en revanche les incursions de la star dans un univers dont la critique l’a exclu : celui du cinéma d’auteur, avec Blier dans Notre histoire ou Volker Schlondorf dans Un amour de Swann.
Ces films sont pourtant intéressants, mais le Delon alcoolique, dépressif ou aristocrate homosexuel ne plaît pas, malgré son jeu fragile et touchant. Cette main tendue à un cinéma qui n’en finit plus de ne pas vouloir de lui, laisse l’acteur amer. Au crépuscule de la cinquantaine, Alain Delon se donne des derniers objectifs que le public ne suit plus. Patrice Leconte essayera de réunir deux légendes, la sienne et celle de Belmondo dans Une chance sur deux en 1998, mais l’opération nostalgie laisse le public de marbre.
Finalement, Alain Delon s'amuse à jouer Alain Delon, comme en 2000 dans Les acteurs de Blier et en 2008 dans Astérix, campant un César se regardant dans le miroir, murmurant un "Ave moi" en forme de salut.
Il rêvait d’un ultime grand rendez-vous, en appelait à Spielberg, Tarantino ou Besson, les seuls susceptibles de le sortir de cette retraite que seul le théâtre est venu troubler en 2011 et 2013. L’appel lui était revenu comme en écho, mais des réponses, il n'en obtient aucune. Le "guépard" tire sa révérence en 2019 alors qu'il grimpe les marches de Cannes aux bras de sa fille Anouchka, pour recevoir une Palme d'Or d'honneur. C'est la fin de l'acteur Delon.
Peu à peu, ceux qui lui étaient le plus cher s'en sont allés, comme Mireille Darc, partie rejoindre Romy, Luchino et les autres. Alain Delon est à leurs côtés aujourd’hui. Heureux, peut-être enfin, apaisé, sans doute.
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