La première saison de la plus coûteuse série télévisée jamais produite est désormais complète. Avec la diffusion du huitième et dernier épisode des Anneaux de Pouvoir (Rings of Power) sur la plateforme de streaming Prime Video, nous avons désormais une bonne idée du spectacle qu'Amazon veut offrir. 557 minutes d'elfes, de nains et de légendes inspirées par les textes de J.R.R. Tolkien. 557 minutes aussi d'une intrigue mystérieuse qui a attendu le dernier moment pour enfin nous révéler l'identité de Sauron et les fameux anneaux qui donnent leur titre au programme.
En plus de neuf heures (soit autant de temps que la trilogie cinématographique adorée de Peter Jackson), Les Anneaux de Pouvoir réussit l'exploit de n'être qu'une introduction. Lyrique, esthétique, parfois épique... Mais une simple présentation du Deuxième Âge de la Terre du Milieu. Certains téléspectateurs ont assez légitimement pointé du doigt certains problèmes de rythme. En effet, les Anneaux de Pouvoir prend d'une certaine façon le contre-pied de nombreuses productions télé actuelles qui multiplient les rebondissements, les conflits et la dramaturgie.
Si vous avez attendu la fin de la diffusion hebdomadaire pour tout pouvoir "binger" en une seule fois, et que vous souhaitez savoir ce que cette saison vaut dans son ensemble, vous êtes au bon endroit. Cet article ne vous révèlera aucun spoiler important.
Les Anneaux de Pouvoir ont, cependant, tous les attributs d'une narration tolkenienne caractérisée par une myriade de détails et certaines lenteurs. J.R.R. Tolkien prend son temps pour développer son monde, ses personnages, ses cultures... Les lecteurs du Seigneur des Anneaux ont certainement en mémoire les deux premiers tiers de La Communauté de l'Anneau (le premier tome de la trilogie) qui découragent souvent les fans des films. Amazon reprend à son compte ce pari narratif. Et c'est un choix qui ne peut que diviser le public...
Comme Tolkien avant eux, les showrunners et réalisateurs de cette saison 1 aiment à la folie les Hobbits, ici leurs ancêtres, les Piévelus. L'une des critiques les plus récurrentes des fans de la série est l'importance démesurée accordée à cette tribu nomade charmante mais dont les préoccupations quotidiennes semblent bien éloignées des enjeux de l'époque. S'il est toujours agréable de regarder telle ou telle scène des Anneaux de Pouvoir (puisque tout est toujours exquis, des costumes aux effets spéciaux), il faut cependant reconnaître que certaines insistances scénaristiques viennent gâcher le spectacle. Des scènes lentes et contemplatives, oui. Les lourdeurs, non merci.
Les réalisateurs prennent des précautions infinies pour s'assurer que les abonnés comprennent chaque révélation, chaque notion, chaque enjeu. La grande majorité du temps, les choses sont bien amenées. Mais quelques fois, notamment dans les épisodes de la moitié de la saison 1, les showrunners soulignent un peu trop certains éléments ou s'attardent plus que de raison sur certains personnages. Lorsque l'épisode 7 se termine sur la révélation du mot "Mordor" par exemple, les spectateurs ont bien raison de lever les yeux au ciel tant cette révélation était évidente pour beaucoup. Quelques ellipses et un travail de montage plus fin pourront certainement améliorer le tout pour la saison 2, si les créateurs sont à l'écoute des critiques.
En parlant de critiques, Les Anneaux de Pouvoir en a reçu un certain nombre. Nous ne reviendrons pas ici sur les jérémiades racistes et misogynes d'une certaine catégorie de fans qui ne supportaient pas de voir des elfes noirs ou des femmes fortes dans les rôles principaux. Nous ne nous attarderons pas non plus sur les critiques des experts autoproclamées de Tolkien qui semblaient ne pas comprendre la notion même d'adaptation, notion qui présuppose de trahir par nécessité les textes originels. Si la série tord certains éléments, elle ne s'éloigne pas de l'esprit de Tolkien, et c'est tout ce que nous pouvions espérer.
La série a attiré, par son ambition, son titre et son budget, de nombreux fans qui avaient décidé, avant même la diffusion du premier épisode, qu'ils allaient adorer ou alors détester. Une lutte acharnée sur les sites de critiques et autres agrégateurs de notes, a démontré toute la futilité de cette guerre numérique qui faisait souvent abstraction de toute nuance. Nous ne pouvons, et c'est là notre conviction profonde, que vous recommander de vous faire votre opinion par vous-même.
Nous ne nous livrerons pas non plus ici à l'éternelle comparaison entre les oeuvres d'hier et d'aujourd'hui. Les Anneaux de Pouvoir fait-elle mieux que les films de Peter Jackson ? Est-elle plus fascinante ou belle que House of the Dragon ? Moins originale que The Wheel of Time ? Si ces comparaisons sont incontournables, elles n'ont, au final, que peu de valeur. Être fan absolu de la famille Targaryen, ne vous empêchera pas de profiter des aventures de Galadriel. Être un amoureux de Tolkien ne veut pas dire que vous apprécierez forcément Les Anneaux de Pouvoir.
Les Anneaux de Pouvoir conjuguent énormément de forces et qualités. Il s'agit d'abord d'une merveille esthétique. Costumes, décors, effets spéciaux, objets, musique, créatures, maquillage... Les centaines de millions d'euros dépensés par Amazon pour réaliser cette saison 1 se voient à l'écran, c'est indéniable. La direction artistique est cohérente du premier au dernier épisode et certains détails minuscules feront plaisir aux fans les plus attentifs. Les choses sont peut-être même un peu trop belles pour celles et ceux habitués aux choix visuels d'un Peter Jackson. Seulement, il ne faut pas oublier que la série met en images le Deuxième Âge, un âge d'or. Le Seigneur des Anneaux mettait en scène le Troisième Âge, une époque plus terne, plus morne... L'époque d'un monde qui voyait la magie des elfes disparaître petit à petit, un monde gangréné par l'influence de Sauron.
Malgré ses problèmes de rythme, Les Anneaux de Pouvoir ne manque pas de substance. Créatures effrayantes, mystères bien conservés jusqu'au dernier moment, batailles spectaculaires... La série montre aussi qu'elle a du coeur et brille tout particulièrement lors de scènes émouvantes : entre Galadriel et son frère ou Galadriel et Elrond, entre Elrond et Durin, Durin et Disa, entre Elanor et l'Étranger... Les exemples de réussites sont nombreux et particulièrement bien répartis au fil de la saison. Les clins d'oeil à la trilogie de Peter Jackson sont aussi bien trouvés : Celebrimbor et son ambition rappellent Bilbon, Elendil transpire de la même énergie qu'Aragorn, le regard de Morfydd Clark est très similaire à celui de Cate Blanchett... Le résultat d'un excellent casting et d'un jeu d'acteur attentif.
Naturellement, rien n'est parfait et cette première saison a montré ici et là quelques faiblesses. Rien qui ne vienne gâcher le plaisir cependant. Il est tout à fait remarquable de constater ce que la télévision peut accomplir aujourd'hui.
La saison 2 a le potentiel de faire bien mieux. Les showrunners bénéficieront du retour de la critique et des téléspectateurs pour ajuster au mieux l'intrigue. Ils seront aussi débarrassés des indispensables présentations qui alourdissent parfois la narration. Il va cependant falloir attendre un an et demi ou deux ans avant de revoir la Terre du milieu sur nos écrans (de préférence le plus grand possible pour profiter du spectacle). Cette saison 1 reste une superbe introduction à une oeuvre bien plus grande. Amazon nous a offert de merveilleux amuse-bouches. Pas de quoi nous rassasier, mais suffisamment délicieux pour nous donner envie d'attendre le plat de résistance...
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