James Bond : qui a inspiré le célèbre agent 007 imaginé par Ian Fleming ?

Nous sommes en août 1941, à l'hôtel Palacio d'Estoril, au sud du Portugal. Deux hommes discutent. L'un s'appelle John Henry Godfrey, il est le patron des la 'Naval Intelligence Division', des services secrets de la marine britannique. Le second est son bras droit, de 20 ans son cadet. Le Portugal est alors un pays neutre durant la 2nd Guerre mondiale. Et ils le savent, les espions allemands pullulent. Les deux hommes se rendent au Casino pour tenter de soutirer quelques informations aux grands de ce monde en villégiature... Le plus jeune sourit et confit alors à John Godfrey qu'il aurait adoré "que la pièce soit remplie de nazis pour pouvoir tous les descendre". Puis il se dit que cela fera une belle scène dans un roman. Son nom ? Fleming. Ian Fleming. 

Quelques années plus tard, en janvier 1952, Fleming est en Jamaïque. Agé de 43 ans, il songe à cet épisode portugais. Il veut en faire un élément majeur de son premier roman. Il a en tête l'intrigue dans ses grandes lignes, largement tirée de son expérience d'espion. Il ne lui manque que l'essentiel : un héros ! Qui sera cet agent intrépide, séducteur, ce redoutable combattant qui excelle dans toutes les armes ? Physiquement, ce n'est pas le plus compliqué. Il décide que son personnage ressemblera à Gary Grant, l'icône hollywoodienne. La mâchoire carrée, le regard malicieux, le sourire enjôleur, sa silhouette élancée et classieuse en toutes circonstances en font un modèle évident...

Fleming veut aussi copier sa présence magnétique, son aisance féline, sa capacité à attirer l'attention. Mais il reste l'essentiel. Quelle sera la personnalité de ce héros ? Il repense alors au casino d'Estoril, et voit apparaître presque de manière subliminale l'image de Dusko Popov. Né en Serbie, en 1912, cet agent triple aux yeux bleus glaciers aurait servi à la fois son pays, l'Allemagne nazie, et l'Angleterre, consécutivement. Et peut-être simultanément ! Le MI5 le décrit comme peu travailleur, surtout pour les tâches de routine. Il dispose d'un indéniable pouvoir de concentration, mais uniquement quand il le décide. Il est courageux, discret, charmant. Accoutumé à un certain train de vie, il dépense sans compter. Il recherche tout particulièrement la compagnie de jeunes femmes et conquiert facilement des maîtresses... 

Là voilà, la première inspiration de Fleming. Son héros sera courageux et séducteur comme Popov. Un personnage culotté, un brin vantard et plutôt indiscipliné. Un mauvais garçon aux airs de dandies ? L'idée plaît à Ian Fleming. Et lui rappelle un autre ancien espion qu'il connaît particulièrement bien : lui-même. Alors le jeune homme laisse son esprit s'évader et ses souvenirs affluer... Jusqu'à la sortie du premier grand succès populaire : Casino Royale