Gérard Depardieu : accusations, carrière… Vers la chute d'un monument du cinéma français ?

Assiste-t-on à la chute d'un monument du cinéma français ? Gérard Depardieu s'est exprimé dans les colonnes du Figaro ce dimanche, pour dénoncer le "lynchage médiatique" dont il serait victime. Une prise de parole qui coïncide avec sa mise à l'écart du prochain film d'animation de Michel Hazanavicius. L'acteur est mis en examen depuis 2020 pour des soupçons de viol et d'agression sexuelle. 

L'actrice Charlotte Arnould accuse le comédien de l'avoir violée en 2018. À cette époque, la jeune femme a 22 ans et souffre d'anorexie. Selon elle, elle pesait alors 37 kilos. L'acteur l'aurait violée à deux reprises lorsqu'elle se trouvait chez lui. Cette dernière a d'abord déposé plainte, qui sera classée sans suite par le parquet de Paris. La jeune comédienne redépose alors plainte avec constitution de partie civile, ce qui contraint la justice à nommer un juge d'instruction. 

Depuis, la plaignante et l'acteur ont été confrontés. Gérald Depardieu sera mis en examen en mars 2022. L'enquête suit son cours. Dans la lettre ouverte rédigée par l'acteur, il a précisé, selon lui, qu'il n'y avait jamais eu ni contrainte, ni violence, entre lui et la comédienne. 

La jeune femme n'est cependant pas la seule à accuser Gérard Depardieu. Elle est en revanche la seule à avoir porté plainte. Une quinzaine d'autres femmes, au moins, accusent le comédien. 

Où en est l'enquête ?

Dans une enquête consacrée à l'affaire, Mediapart a recueilli les témoignages de 13 femmes, qui dénoncent des faits qui se seraient produits sur une très longue période : de 2004 à 2022, sur un total de onze tournages de films et de séries. Comédiennes, maquilleuses, techniciennes… Toutes racontent les mêmes scènes : des gestes inappropriés, des mains glissées dans leur soutien-gorge, dans leur culotte, des baisers forcés, ou encore des propos sexuels obscènes. Toutes soulignent aussi le malaise ressenti sur les plateaux, et une certaine omerta autour du comportement de Gérard Depardieu.

Selon nos informations, les enquêteurs de la police judiciaire parisienne ont entendu un certain nombre de femmes, dont certaines figurent dans l'article de Mediapart. Des témoignages écrits leur ont également été transmis. Ces auditions sont venues épaissir le dossier et sont à présent terminées. Tout cela est désormais sur le bureau d'un juge, qui va décider des suites qu'il pourrait donner à ce dossier, bien que beaucoup de faits dénoncés soient désormais prescrits. L'enquête se poursuit également autour de la plainte de Charlotte Arnould.

Quel avenir pour Gérard Depardieu dans le septième art ?

Il n'est pas certain que l'on revoit l'acteur au casting d'un film français de sitôt. Gérard Depardieu est désormais jugé infréquentable par les financeurs du septième art. Car ce sont surtout maintenant les chaînes de télé et les plateformes qui rapportent beaucoup d'argent aux films. Et il s'avère que son nom est bel et bien rayé des listes. La semaine dernière, dans les coulisses de la vente aux enchères d'une partie de sa collection d'objets d'arts, - une vente qui a tout de même rapporté 4 millions d'euros - ceux qui l'ont approché ces derniers temps le disaient déprimé, amaigri, sonné par les conséquences des faits qui lui sont reprochés.

Au fil des mois, le comédien s'est d'abord vu bannir par la production de son dernier film sorti à ce jour, Umami, en mai dernier. Fin juin, les ultimes spectacles de sa tournée consacrée à Barbara ont dû être annulés pour cause de rassemblements féministes, chaque soir, devant les salles où il devait jouer. Le voici à présent évincé du casting des voix du prochain film d'animation de Michel Hazanavicius. Il avait déjà posé sa voix sur quelques dialogues, et ne sera pas au générique final.

À ce jour, les pages de son agenda sont vides, bien que son agent évoque des projets en Italie ou aux États-Unis. Pour continuer sa carrière, Gérard Depardieu pourrait bien se tourner vers la Russie, où il avait déjà trouvé refuge au milieu des années 2010, à l'époque, pour des raisons fiscales.

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