Emmy Awards 2025 : comment expliquer le triomphe d'"Adolescence", la série Netflix aussi forte sur le fond que sur la forme

Avec huit récompenses aux Emmy Awards, la mini-série de Netflix produite par Brad Pitt confirme un succès déjà auréolé d'un record en nombre de téléspectateurs.

Les acteurs de la série "Adolescence", récompensés aux Emmy Awards, le 14 septembre 2025

Crédit : Frederic J. Brown / AFP

LA STAR DU JOUR - La série "Adolescence" est en train de virer au phénomène de société

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Quatre épisodes d'une heure environ, un record pour Netflix et une razzia aux Emmy Awards. Adolescence, la série phénomène qui explore l'influence des réseaux sociaux et des discours masculinistes sur les jeunes garçons, poursuit son incroyable parcours, six mois après sa sortie. Grâce à elle, la catégorie mini-séries, réservée aux productions d'une seule saison, a même capté l'essentiel de la lumière.

Adolescence, qui suit un jeune Britannique de 13 ans accusé d'avoir tué une camarade de classe, a régné sans partage avec huit récompenses, dont celles de la meilleure mini-série et du meilleur acteur dans une mini-série, après avoir provoqué d'intenses débats de société, au Royaume-Uni, où elle est désormais diffusée dans les collèges, comme ailleurs.

"Nous ne nous attendions pas à ce que notre petite série ait un tel impact", a avoué Stephen Graham, élu meilleur acteur pour son incarnation d'un père de famille qui découvre avec horreur la face sombre de son fils.

Sacrée meilleure mini-série, cette production Netflix où les épisodes se déroulent en un seul plan-séquence a entre autres été récompensée pour sa réalisation, son scénario et a raflé les meilleurs seconds rôles - féminin et masculin - pour Erin Doherty et Owen Cooper. Le comédien d'à peine 15 ans, impressionnant en adolescent fragile et manipulateur, incapable de gérer ses frustrations, devient le plus jeune acteur à remporter un Emmy.

Records de visionnage

Cette mini-série produite par Brad Pitt et réalisée par Jack Thorne et Stephen Graham, a enregistré 70 millions de visionnages à travers le monde en seulement quelques semaines, score qui n'a jamais été atteint en si peu de temps dans l'histoire de la plateforme, plaçant la série comme étant la plus regardée en France et dans 80 pays.

Adolescence raconte l'histoire de Jamie Miller, 13 ans, interpellé au petit matin dans son lit, dans le pavillon de banlieue de ses parents. Il est accusé d'avoir poignardé à mort une fille de son collège. C'est une réflexion puissante sur la jeunesse d'aujourd'hui. Cette série évoque la violence, les réseaux sociaux, le cyberharcèlement, le langage et les codes utilisés par les jeunes, le dérèglement des rapports hommes-femmes ou sur l'idéologie masculiniste.

Contrairement à ce que son nom peut indiquer, cette série parle aussi aux adultes avec une question sous-jacente : "Être un gamin en 2025, c'est quoi ?" Une question posée sans jugement moral, avec des comédiens exceptionnels : le jeune garçon qui joue le suspect Owen Cooper est simplement prodigieux et glaçant. S'il a encore une tête d'enfant, il est pourtant le visage du mal.

Quatre épisodes révolutionnaires dans leur forme

Si cette série est un énorme carton, outre son jeu d'acteur et son scénario, c'est aussi par sa forme originale : chaque épisode est un plan séquence d'une heure, donnant à la fiction signée Netflix un côté extrêmement réaliste. La caméra ne se pose jamais, dans un mouvement continu, sans raccord, sans coupure. Quand on quitte un personnage, c'est pour se mettre à en suivre un autre qui vient de croiser la route de celui qu'on suivait.

Un tour de force technique qui a demandé des semaines de préparation : chaque épisode a été répété comme une chorégraphie pendant trois semaines avant d'être filmé, afin de donner l'impression d'un film tourné d'un seul tenant. L'intrigue se déroule également en temps réel, donnant une tension permanente à la série. L'immersion est telle qu'il faut reprendre son souffle avant de lancer l'épisode suivant, tellement ce procédé procure un sentiment d'intensité.

Ces quatre épisodes ont déjà leurs fans, dont le Premier ministre britannique, Keir Starmer, qui considère Adolescence comme une série exemplaire et annoncé dès le mois de mars que les épisodes allaient être diffusés gratuitement dans les collèges et les lycées au Royaume-Uni pour que les enseignants puissent ouvrir le débat avec leurs élèves.

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