ÉDITO - "C'est bien le système de financement du cinéma français qui permet à Justine Triet d'être là où elle en est", dit Alba Ventura

Manquait-il quelque chose dans le discours de Justine Triet dimanche soir à Los Angeles ? D'abord, félicitations pour les deux Golden Globes remportés par cette jeune réalisatrice pour son fil remarquable Anatomie d'une chute. C'est elle, Justine Triet, qui avait remporté la Palme d'or à Cannes et qui s'était surtout fait remarquer par son discours polémique au moment de la remise du prix.

Justine Triet s'en était pris à la réforme des retraites, puis avait dévié sur l'ultra-libéralisme du gouvernement, sur le dévoiement de la politique culturelle. Elle accusait ce gouvernement de vouloir casser l'exception culturelle française. Curieusement devant les journalistes américains à Los Angeles, pays du libéralisme où les blockbusters avec des stars mondiales raflent généralement la mise, elle s'est contentée de les remercier de l'encourager à faire ce qu'elle aime.

C'était un chouette discours, un peu court, bien moins véhément qu'à Cannes. Il a surtout manqué quelque chose, un "merci". Merci au CNC, le Centre national du cinéma, pour son avance sur recettes de 500.000 euros. Merci à la région Rhône-Alpes, à la région Nouvelle-Aquitaine, au département de Charente-Maritime de lui avoir signé un chèque de près d'un million d'euros. Merci à France Télévisions d'en avoir fait autant. C'est bien le système de financement du cinéma français, cette exception culturelle que tout le monde nous envie, soit le contribuable français, qui lui permet d'être là où elle en est et d'avoir toutes ses chances pour les Oscars. Ce qu'on lui souhaite si elle est nominée, parce qu'on n'est pas rancunier.

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