C’est à Charlotte Gainsbourg que l’on doit l'ouverture de la maison de son père. Elle a porté ce projet pendant 32 ans. En visitant ce lieu étrange, vous vous rendrez compte combien Serge est à jamais dans le cœur de Charlotte. C'est d’ailleurs sa voix à elle qui nous accompagne, pendant la demi-heure que dure la visite, grâce à l'audioguide.
Chaque objet de cette maison lui évoque le souvenir d’une anecdote, un bonheur, un chagrin, un sentiment. La douleur qu'elle a de voir le fauteuil élimé dans lequel Serge s'asseyait pour téléphoner, lire, compter les liasses de 500 francs qu'il mettait dans la malle posée à côté. Ce n’est plus une maison qu'on visite, c’est le cabinet de curiosités d'un collectionneur célibataire. C’est le mausolée d'un artiste qui s'était construit ce savant capharnaüm plein de livres, de bibelots, de journaux, de photos, de tableaux, de sculptures, pour finir par l’objet le plus précieux de tous, le piano, un Steinway qui semble le cercueil de toutes les notes, rimes, murmures et scandales de l’auteur du Poinçonneur des Lilas.
Ne vous attendez pas à découvrir un château. Son "hôtel particulier", comme il l’appelait, ne fait pas plus de 130 m². Tout est petit, bas de plafond, le sentiment d’étroitesse étant amplifié par les tissus noirs qui recouvrent les murs… Ses vêtements sont là : son rasoir, ses flacons de parfums, sa machine à écrire, ses bouteilles de vin et même ses mégots de cigarette.
Le sommet de l'émotion est atteint quand on arrive dans la chambre et qu'on entend Charlotte nous raconter que c'est sur ce lit qu'elle a retrouvé son père mort le 2 mars 1991... et comment elle est restée blottie de longues journées contre lui, après qu'il ait été embaumé écoutant les fans dans la rue chanter Je suis venir te dire que je m'en vais.
En face de la maison, le musée Gainsbourg situé au 14 rue de Verneuil, permet une visite tout aussi passionnante, puisque vous verrez plus près des centaines d'objets exposés : des lettres, manuscrits, textes de chanson, tableaux, des bibelots, des disques, marionnettes et l'homme à la tête de choux, la sculpture de François-Xavier Lalanne.
Pour mieux préparer votre visite, écoutez le récit de Sébastien Merley, commissaire scientifique de la maison Gainsbourg et Anatole Maggiar, directeur du contenu et de la programmation de la maison Gainsbourg, qui vous raconte la naissance de la maison Gainsbourg et des histoires inédites sur le grand Serge.