Mort de Jane Birkin : comment a-t-elle rencontré Serge Gainsbourg ?
Jane Birkin, disparue à l'âge de 76 ans, a formé un couple légendaire avec Serge Gainsbourg. Leur rencontre n'avait pourtant rien d'une évidence en 1968.
Jane Birkin, morte à l'âge de 76 ans, a formé un couple aussi mythique que sulfureux avec Serge Gainsbourg. En 1968, l'histoire entre la jeune Anglaise et le célèbre chanteur avait pourtant mal commencé. Le cinéaste Pierre Grimblat choisit Serge Gainsbourg pour incarner, dans son film Slogan, un réalisateur de pub d'âge mûr, cynique et arrogant, qui s'éprend d'une jeune beauté. Pour l'actrice, il hésite. Son premier choix se fixe sur une amie, la mannequin-star américaine Marisa Berenson. Gainsbourg, qui vient de se faire larguer par Brigitte Bardot, est ravi.
Mais le réalisateur la juge finalement trop sophistiquée et part à la recherche d'une autre actrice. Malgré un français balbutiant, une jeune Anglaise de 22 ans, Jane Birkin, est engagée. Gainsbourg, déjà célèbre et alors âgé de 40 ans, est furieux. Qu'importe, le cinéaste Pierre Grimblat décide de réunir de les deux acteurs dans un appartement parisien.
Mais le premier face-à-face entre le chanteur déjà célèbre et la jeune Anglaise inconnue se passe mal. "J'ai pensé : c'est quoi ce boudin ? Je ne prêtais pas attention à elle", racontera le chanteur. Les premiers jours de tournage sont catastrophiques, avec un Serge Gainsbourg odieux. Jane Birkin, ulcérée par le comportement de l'acteur et chanteur, passe son temps à pleurer. "Il ne m'adressait pas un mot et il ne m'aidait pas du tout", dira-t-elle. Pour sauver son film et crever l'abcès, le réalisateur va organiser une soirée chez Maxim's, un grand restaurant parisien. Il s'en suivra une nuit de fête et d'ivresse dans Paris, avant que le futur couple ne prenne une chambre dans un grand palace parisien. Mais rien de torride : il tombe comme une masse et s'endort.
Quand Gainsbourg suivait partout Jane Birkin
Jane Birkin, qui ne supportait pas Gainsbourg quelques heures plus tôt, est touchée par ce mauvais danseur qui lui écrase les pieds. "J'aime beaucoup les gens qui ont des complexes. Il a plein de complexes et c'est très bien", assurera-t-elle. La jeune Anglaise le trouve curieux, imprévisible et déroutant, mais décide de le suivre. Les deux amants s'installent dans l'hôtel particulier de la rue de Verneuil, où Gainsbourg avait tout préparé pour accueillir l'amour de sa vie : Brigitte Bardot. Il avait vécu trois mois de passion fulgurante avec la star et la blessure BB n'est pas encore refermée, mais Jane va l'apaiser.
Serge suit sa nouvelle compagne partout sur les tournages, en Angleterre, aux Pays-Bas et en Italie. Et il écrit pour elle ses premiers tubes dans des chambres d'hôtel. Mais le dandy Gainsbourg est jaloux : il a peur qu'elle parte avec un homme plus jeune, plus beau et plus drôle que lui. Sur le tournage du mythique film La piscine, il débarque à Saint-Tropez pour surveiller les deux playboys qui tournent avec Jane, Alain Delon et Maurice Ronet.
Le succès mondial de "Je t'aime moi non plus"
Il offre à la jeune Anglaise le poème brûlant qu'il avait écrit pour Bardot et qui était resté dans un tiroir, et qui deviendra un tube mondial en 1969 : Je t'aime moi non plus. "Je savais qu'il avait un enregistrement avec Bardot, et comme j'étais fou de lui je lui ai dit : oui, oui, oui ! Mais j'ai dit oui parce que je ne voulais pas qu'il chante avec quelqu'un d'autre", se rappellera la chanteuse. La voix de Jane Birkin, avec ses fameux râles, remplace celle de Brigitte Bardot et crée un énorme scandale, avant de devenir une chanson mythique.
La nuit, pourtant, va bientôt se refermer sur Gainsbourg, le travestir en Gainsbarre, et faire fuir ce fragile bonheur qu'il avait apprivoisé. En 1981, Jane Birkin fuit leur appartement de la rue Verneuil à Paris, avec ses filles Kate (née de son union avec John Barry) et Charlotte. Mais après leur séparation, ils ne sont jamais restés loin de l'autre. Serge a notamment continué à écrire pour celle qui l'a toujours chanté. "On peut être amoureuse de quelqu'un et garder dans sa vie, sa tête, son cœur, une autre personne. C'est une évidence. Dès que je suis partie, en 1981, je savais que je le regretterais", assurera Jane.
