Amis des mots, je souffre de menus soucis d’identité
professionnelle : l’autre jour, dans une librairie de l’Essonne, je
dédicaçais mes livres en discutant langue française avec des lecteurs, qui sont
aussi très souvent d’ailleurs des auditeurs de RTL, et l’un d’eux m’a demandé
si j’étais l’auteure ou l’autrice de mes livres. Pour moi, c’est clair, j’en
suis l’auteure, avec un E final. Mais quantité de mes semblables se disent
autrices. Et d’autres femmes encore préfèrent se dire auteur sans e final.
Il ne vous a pas échappé que la féminisation fait
partie des sujets qui agitent le petit monde des dictionnaires, des linguistes
et autres académiciens depuis un an ou deux. J’ai déjà eu l’occasion d’en
parler, certains aspects de la question, comme celle du point médian (les
étudiant.e.s) continuent de diviser énormément. Mais en gros le point médian
n’a pas été adopté par la presse et l’édition, tandis que la féminisation des
noms de métiers et de fonctions (une ministre, une écrivaine, une juge…) s’est
vraiment installée.
L’Académie française elle-même s’est prononcée dans ce
sens récemment. On pourrait même dire qu’elle a fini par se résoudre à se
prononcer en la faveur de la féminisation des noms de métiers, le 28 février,
une véritable révolution sous la Coupole. Mais tout le monde commençait à
adopter ces féminisations : les Immortels devaient bien reconnaître que
l’usage avait changé.
Or, s’il y a des féminisations qui vont de soi, en particulier celle des noms qui se terminent par un e muet, comme un maire/une maire, un ministre/une ministre, d’autres offrent davantage de possibilités… et de polémiques. C’est le cas d’auteur. Le journal Le Monde a choisi de le féminiser en "un auteur/une auteure" tandis que Le Parisien vient de se déclarer en faveur de "un auteur/une autrice", le Larousse penche comme Le Monde pour "un auteur/une auteure" et Le Robert comme Le Parisien pour "un auteur/une autrice". Quant au dictionnaire de l’Académie française, en ligne depuis peu, il continue pour le moment de dire qu’auteur est un nom masculin et de proposer comme seul exemple "Une femme auteur".
Alors que faut-il dire ? D’abord, si vous voulez tout savoir sur "la grande querelle de la féminisation des noms", je ne peux que vous recommander le livre délicieux de l’éminent linguiste Bernard Cerquiglini, Le Ministre est enceinte. Lui pencherait plutôt pour auteure, il me semble. Dans dix ou vingt ans, si l’usage – c’est à dire nous tous ! – penche très nettement pour l’une ou l’autre solution, elle deviendra sans doute la seule autorisée, mais le plus beau, c’est que pendant quelques années, vous dites exactement ce que vous voulez. Chouette, non ?
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