Une nouvelle étape vient d'être franchie dans la croisade des autorités françaises contre la pornographie en ligne. Depuis vendredi 15 novembre, quatre plateformes pour adultes sont moins facilement accessibles pour les internautes de l'Hexagone. Conformément à une récente décision ordonnée par la Cour d'appel de Paris dans le cadre d'une procédure initiée en 2021 par une saisine de deux associations de protection de l'enfance, Orange, Bouygues, SFR et Free ont commencé à empêcher la connexion aux sites Xhamster, Tukif, MrSexe et IciPorno.
Le blocage doit être effectif "jusqu'à ce que soit démontrée la mise en œuvre d'un contrôle autre que purement déclaratif de ce que les utilisateurs sont majeurs", a prévenu la justice. À savoir, jusqu'à l'intégration d'un dispositif filtrant réellement les internautes mineurs à la place du simple clic sur un bouton "J'ai 18 ans" en vigueur aujourd'hui pour prouver sa majorité.
Réclamé de longue date par les associations, le barrage imposé aux principaux fournisseurs d'accès est mis en œuvre par l'intermédiaire du système de noms de domaine (DNS). Pour que les internautes français ne puissent plus accéder aux plateformes, les opérateurs font en sorte que la résolution des DNS, le mécanisme qui relie l'adresse d'un site Internet et son adresse IP, ne fonctionne pas pour les adresses des sites bloqués. Depuis vendredi, les clients des principaux FAI du pays voient normalement s'afficher un message indiquant un échec de la connexion lorsqu'ils essaient d'atteindre Xhamster, Tukif, MrSexe ou IciPorno sur ordinateur ou sur mobile.
Le dispositif est toutefois loin d'être hermétique. Si Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free ont confirmé avoir verrouillé l'accès aux sites concernés depuis vendredi, il était encore possible de se connecter à certains d'entre eux ce lundi, en fonction de son opérateur et des réglages de l'appareil utilisé.
Sur iPhone par exemple, la fonction "relais privé" d'iCloud, qui masque l'adresse IP de l'utilisateur pour protéger sa navigation, fait sauter les restrictions. Il est aussi possible d'accéder aux sites bloqués en modifiant son DNS, au profit d'une solution alternative à celle proposée par défaut par son opérateur, ou en naviguant derrière un réseau virtuel VPN, qui change l'adresse IP. Le blocage semble également limité aux sous domaines en ".fr" des plateformes et exonérer certains liens proposés via Google qui renvoient vers d'autres noms de domaines.
Ces trous dans la raquette font écho aux critiques récurrentes qui entourent la procédure française. Pour ses détracteurs, bloquer certains sites parmi les plus populaires du secteur n'empêchera pas les internautes de consulter des vidéos pornographiques accessibles ailleurs, sur les millions de sites existants sur Internet, dont certains sont loin d'être interdits aux mineurs.
Le porno pullule par exemple sur X (ex Twitter), où ce type de contenu est officiellement autorisé depuis l'été dernier dans les conditions d'utilisation de la plateforme. Face à ce constat, les sites visés par les premières sanctions dénoncent une procédure inéquitable qui les place dans une situation défavorable face à leurs concurrents. L'éditeur du site Tukif a d'ores et déjà fait savoir qu'il allait contester la procédure en justice. Le site MrSexe a quant à lui choisi de procéder à un blocage préventif le temps d'étudier les possibilités de se conformer à la législation française.
Pour les défenseurs de la procédure, ces premiers blocages, même imparfaits, sont une première étape nécessaire pour entraver l'accès des jeunes à la pornographie en ligne, alors que plus de 2 millions de mineurs se connectent chaque mois à des sites pornos, dont plus de la moitié des garçons de 12 ans utilisant Internet. Ils espèrent désormais voir la même sanction appliquée aux géants de l'industrie. Le sort de Pornhub, YouPorn, RedTube, Xvideos et Xnxx est pour l'instant entre les mains de la justice européenne qui doit trancher le recours formulé par ces plateformes qui dénoncent une entrave à la libre circulation des services au sein de l'Union européenne. La décision est attendue l'année prochaine.
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