Souvenez-vous : en 2007, alors au sommet de sa carrière, la nageuse Laure Manaudou avait vu des photos intimes publiées sur Internet par son ex-compagnon puis diffusées dans la presse. Une expérience encore traumatisante aujourd’hui pour la championne de natation. À l’époque, cette pratique n’était pas encore appelée "revenge porn" ou "porno divulgation". 20 ans après, elle est désormais considérée comme un délit qui est sévèrement sanctionné dans la plupart des pays.
Comme Laure Manaudou, des milliers de jeunes femmes sont victimes de cette pratique chaque année en France. Avec l’omniprésence des réseaux sociaux et la présence systématique d’appareils photos dans nos téléphones, la diffusion non consensuelle d’images intimes est devenu un phénomène social de plus en plus réel. Une enquête Ipsos de 2022 révélait que 87% des 18-24 ans avaient déjà été concernés par des actes de revenge porn en France. Ce fléau vise essentiellement les femmes. 80% des victimes en France en 2022.
Le revenge porn peut prendre plusieurs formes. Il se caractérise par un contenu sexuellement explicite qui est partagé en ligne sans le consentement de la personne apparaissant sur le contenu. Il intervient souvent après une rupture. L’auteur agit alors en représailles pour faire culpabiliser et humilier la victime. Dans d’autres cas, l’auteur peut simplement s’amuser à montrer les images à ses amis. D’après une étude récente en France, 40% des hommes âgés de 15 à 34 ans ont déjà envoyé des photos intimes d’une ancienne relation à des tiers sans son consentement. Dans certains cas, des images peuvent aussi être partagées sans le consentement d’une personne même s’il n’y a jamais eu de véritable relation.
Si vous ou un proche êtes confronté à une telle situation, il est essentiel d’agir rapidement pour limiter les dommages et faire valoir vos droits ou ceux de la victime. Dans un premier temps, il faut collecter des preuves de la diffusion. Il est conseillé d’effectuer des captures d’écran du contenu publié. Pensez à inclure l’URL du site en question, la date, et toute information permettant d’identifier la plateforme ou les personnes impliquées. Ces éléments seront cruciaux pour déposer plainte.
Dans un second temps, contactez les plateformes sur lesquelles les contenus ont été partagés. La plupart des réseaux sociaux et sites disposent de mécanismes de signalement pour ce type de violation. Demandez la suppression immédiate des publications incriminées. Si vous connaissez l’identité de la personne qui a diffusé les images, il est aussi possible de signaler son profil sur la plateforme Pharos.
Une fois ces actions effectuées, vous pouvez porter plainte. Le revenge porn est un délit puni par la loi française. Il est passible de 2 ans de prison et 60.000 euros d’amende. Vous pouvez déposer plainte au commissariat ou en gendarmerie ou adresser une plainte directement au procureur de la République.
Pour les victimes de revenge porn, les procédures sont souvent longues et complexes. Il peut être utile de faire appel à un avocat spécialisé qui pourra engager des poursuites au civil pour obtenir réparation des préjudices subis. Des lignes téléphoniques ont également été mises en place pour accompagner les victimes. Il est notamment possible de trouver de l’assistance en composant le 3018, le numéro national contre les violences numériques ou en sollicitant l’association Stop Fisha.
L’une des principales problématiques du revenge porn est la suppression des contenus illicites du Web. Souvent, malgré les demandes de retraits et les condamnations, les images peuvent continuer d’exister en ligne. Les plateformes peuvent être lentes à réagir et des internautes peuvent continuer de télécharger les images même après les avoir supprimées.
Pour aider les victimes, l’association Point de Contact a mis au point l’an dernier un outil baptisé Disrupt. Cette plateforme permet aux victimes de signaler les images de revenge porn et de les faires supprimer des plateformes où elles sont diffusées. Une fois les images vérifiées par ses équipes, l’association va se charger de contacter les autorités mais aussi les sites et les réseaux sociaux qui les hébergent pour les faire retirer.
L’association, qui traite plus largement tous les contenus potentiellement illicites sur internet, a reçu plus de 40.000 signalements l’an dernier, dont 2.000 concernaient des faits de revenge porn. Pour aller plus loin, Point de contact espère mettre en place d’ici la fin de l’année un système qui bloquerait en amont les images de revenge porn. Il serait possible d’envoyer à Disrupt le contenu qu’un tiers menace de diffuser pour que l'association l’enregistre dans une base de données interconnectée aux réseaux sociaux et aux plateformes pornographiques pour bloquer un futur téléchargement. Point de Contact espère trouver de nouveaux financements pour mener à bien ce projet.
Retrouvez chaque semaine (l’inimitable) "Règle d’or" en podcast… et désormais son pendant Numérique consacré aux problèmes du quotidien en ligne. Comment naviguer en toute sécurité sur Internet ? Quelles sont les réglages à paramétrer pour protéger vos données personnelles ? Comment repérer les arnaques en ligne avant de tomber dans le panneau… Benjamin Hue, journaliste à RTL, répond ici aux questions que vous vous posez tous les jours sur les nouvelles technologies.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte