Ces derniers mois, vous avez peut-être entendu des politiques dire qu’il faut lutter contre l’anonymat sur les réseaux sociaux. Selon eux, le fait de pouvoir se cacher derrière un pseudonyme sur les plateformes favoriserait la diffusion de messages malveillants, les déferlements de haine et le cyberharcèlement. Des députés appellent même à lever l’anonymat en ligne en obligeant les plateformes à demander une pièce d’identité à leurs utilisateurs pour pouvoir les retrouver plus facilement en cas de délit.
En réalité, la levée de l’anonymat en ligne est un faux problème. Il suffit de se balader sur Facebook pour se rendre compte que, chaque jour, des milliers d’individus clairement identifiés par leur nom et leur prénom se permettent de diffuser des messages haineux sans être inquiété.
Il faut aussi avoir à l’esprit que personne n’est jamais parfaitement anonyme sur Internet. S'il est possible de se cacher derrière un pseudonyme pour masquer son identité aux autres utilisateurs des plateformes, les internautes sous pseudo ne sont pas anonymes aux yeux des autorités. La police a les moyens de les identifier dans le cadre de ses enquêtes sur la base des traces numériques qu’ils laissent sur internet.
De fait, la loi pour la confiance dans l'économie numérique de 2004 oblige les fournisseurs d’accès à Internet, les hébergeurs et les VPN à conserver les données techniques qui permettent d’identifier les auteurs des messages illicites en cas de requête judiciaires. Et la dernière loi numérique européenne oblige les plateformes en ligne à collaborer avec les enquêteurs dans les affaires de cyberharcèlement, de pédocriminalité, et pour les propos insultants, à caractère haineux ou discriminants.
Concrètement, si une enquête est ouverte pour cyberharcèlement, les policiers vont rassembler les messages problématiques pour caractériser les infractions. Ils vont ensuite adresser des réquisitions judiciaires aux plateformes sur lesquelles ils ont été postés... Instagram, Twitter, mais aussi Google ou Facebook vont alors fournir des informations sur les lignes téléphoniques, les mails et les adresses IP rattachés aux comptes des internautes en question..
Les enquêteurs vont ensuite se servir de ces informations pour demander à Orange, Bouygues, SFR ou Free quelles adresses postales et quelles identités sont liées aux lignes incriminées. Le résultat est recoupé aux bases de données d’autres administrations. Les policiers peuvent alors procéder aux interpellations et aux perquisitions aux domiciles des suspects.
En mars 2024, c’est comme ça qu’une trentaine de personnes ont été condamnées à des amendes de plusieurs centaines d’euros dans une affaire de cyberharcèlement à l’encontre de l’influenceuse Magali Berdah. Elles évoluaient toutes sous pseudonyme et ont pu être identifiées avec la collaboration des réseaux sociaux et des opérateurs téléphoniques. En 2023, un ado de 13 ans à l’origine de plus de 300 fausses alertes à la bombe avait aussi pu être retrouvé alors mm qu’il utilisait un VPN pour masquer ses informations de connexion.
De l'avis des experts et des professionnels, la loi actuelle est suffisante pour poursuivre les auteurs de messages malveillants, même lorsqu'ils évoluent sous pseudonyme. La problématique se situe plutôt dans la collaboration des plateformes, car tous les réseaux sociaux ne jouent pas toujours le jeu. Mais aussi dans le fait que les victimes ne portent pas toujours plainte et que la police et la justice manquent de moyens pour faire avancer les dossiers plus rapidement.
Retrouvez chaque semaine (l’inimitable) "Règle d’or" en podcast… et désormais son pendant Numérique consacré aux problèmes du quotidien en ligne. Comment naviguer en toute sécurité sur Internet ? Quels sont les réglages à paramétrer pour protéger vos données personnelles ? Comment repérer les arnaques en ligne avant de tomber dans le panneau… Benjamin Hue, journaliste à RTL, répond ici aux questions que vous vous posez tous les jours sur les nouvelles technologies.
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