Meta va scanner vos données Facebook et Instagram pour nourrir son IA : voici le formulaire pour s'y opposer

C'est un changement de pied notable dans la politique européenne de Meta dans l'intelligence artificielle. Après avoir souligné que son assistant conversationnel Meta AI n'avait pas été entraîné sur des données d'utilisateurs européens lors de son lancement le 20 mars dernier, le groupe technologique a fait savoir lundi 14 avril qu'il allait bientôt pouvoir utiliser des données publiques de ces mêmes internautes pour affiner ses modèles d'IA générative. 

Plus précisément, l'IA de Meta pourra bientôt s'entraîner sur les publications et commentaires publics des utilisateurs de Facebook et Instagram, à l'exception de WhatsApp. Sont concernés les légendes photos, les commentaires, les publications mais aussi toutes les informations publiques disponibles sur ces produits, à savoir le nom, le nom d'utilisateur, la photo de profil, l'activité dans les groupes, les pages et les canaux publics, mais aussi les stories et les reels. "Par exemple, si vous commentez sur Marketplace, une page Facebook ou un compte Instagram public, ou si vous publiez un avis ou une évaluation, votre commentaire, avis ou évaluation sera visible par tout le monde", écrit Meta. 

Les requêtes et questions envoyées sur Messenger à Meta AI pourront aussi être mobilisées. Cela concerne en théorie toutes les informations que vous serez susceptible de confier au chatbot qui est en train d'être déployé sur Instagram, WhatsApp et Messenger. En revanche, les données de WhatsApp, les conversations avec Meta AI sur cette application, les messages privés et les comptes des mineurs de toutes les plateformes ne sont pas visés par cette nouvelle politique.

Toutes ces informations doivent permettre à Meta d'améliorer la compréhension de son intelligence artificielle. "Nous pensons qu’il est de notre responsabilité de développer une IA qui ne soit pas seulement disponible pour les Européens, mais qui soit réellement conçue pour eux", explique l'entreprise. Dans cette perspective, la société souhaite que ses modèles "soient entraînés sur une multitude de données afin qu'ils puissent comprendre les nuances et les complexités qui composent les communautés européennes", y compris "les dialectes, les expressions familières, les connaissances locales et les façons distinctes dont les différents pays utilisent l'humour et le sarcasme" sur ses produits.

Un formulaire va être proposé aux internautes pour exprimer son opposition

À lire aussi

Connecté

Riz, sèche-cheveux, coton-tige... Que faut-il vraiment faire si votre smartphone tombe dans l'eau ?

Cette nouvelle politique doit entrer en vigueur le 27 mai prochain. Les consommateurs européens recevront dans les prochains jours ou semaines une notification pour les informer de ce changement, ainsi qu'un lien vers un formulaire de refus s'ils souhaitent s'opposer à ce traitement de leurs données, comme le permet le droit européen. "Nous avons fait en sorte que ce formulaire d'objection soit facile à trouver, à lire et à utiliser, et nous honorerons tous les formulaires d'objection que nous avons déjà reçus, ainsi que ceux qui seront soumis ultérieurement", a indiqué Meta. 

D'après nos constatations, le formulaire est déjà accessible à cette adresse. Selon le document, les internautes qui s'opposent au traitement de leurs données pour entraîner l'IA de Meta recevront un courriel confirmant que la société n'utilisera plus leurs informations publiques à cet effet. L'opposition sera également appliquée à tous les comptes liés au même "Espace comptes", c'est-à-dire les comptes Instagram et Messenger associés à l'adresse email utilisée pour se connecter à Facebook. 

Meta précise cependant qu'il est susceptible de continuer à traiter des informations concernant les utilisateurs qui ont exprimé leur refus dans certaines situations, notamment lorsque leurs informations apparaissent sur une image partagée publiquement sur ses produits par un autre utilisateur ou lorsque leurs informations sont mentionnées publiquement dans des publications ou des légendes partagées par un tiers.

"L'intérêt légitime", base légale valable pour utiliser les données des Européens depuis décembre

La nouvelle politique de Meta s'appuie sur un avis du comité européen de protection des données (CEPD) publié en décembre. D'après l'institution, un concepteur d'intelligence artificielle peut désormais invoquer "l'intérêt légitime" pour utiliser des données personnelles dans le développement et le déploiement de modèles d'IA dans l'Union européenne. Ces derniers doivent cependant respecter l'anonymat des utilisateurs dont ils mobilisent les données afin que le risque qu'une IA révèle des informations susceptibles d'identifier un internaute soit extrêmement faible. L'entreprise américaine assure avoir engagé "un dialogue constructif" avec la Data protection commission (DPC) irlandaise, le régulateur européen des données personnelles, à ce sujet. 

Pour rappel, Meta avait retardé pendant plus d'un an le lancement européen de son intelligence artificielle Meta AI le temps de "clarifier les exigences légales des régulateurs" locaux.  La société avait notamment dû suspendre en juin 2024 son projet d'utilisation des données personnelles de ses utilisateurs dans un programme d'IA après des plaintes déposées dans onze pays européens.