"La censure ne fonctionnera pas" : banni jeudi, l'influenceur masculiniste Alex Hitchens déjà de retour sur TikTok

Suspendu de TikTok jeudi 12 juin, l'influenceur masculiniste Alex Hitchens n'aura pas mis longtemps à rallumer la lumière sur la plateforme. Moins de 24 heures après la mesure prononcée par le réseau social chinois pour "discours haineux", son compte était à nouveau actif ce vendredi 13 juin. "J'ai contacté mes avocats, mon compte est réactivé (...) La censure ne fonctionnera pas", s'est-il vanté sur X dans la matinée. La veille au soir, la plateforme avait annoncé avoir supprimé le compte principal de l'influenceur de 26 ans, suivi par plus de 650.000 personnes, pour non-respect de ses règles communautaires, une sanction visant des propos sexistes et misogynes tenus par l'intéressé. Contacté par RTL, le réseau social n'avait pas donné suite à l'heure où était contacté cet article.

Cette mesure intervient dans un contexte de tension croissante entre l'influenceur, TikTok et les autorités. Quelques heures plus tôt, des cadres de TikTok étaient entendus par la commission d'enquête parlementaire chargée de mesurer l'impact psychologique de l'application sur les mineurs. Deux jours auparavant, Alex Hitchens figurait parmi les cinq influenceurs jugés problématiques entendus par les députés. Un exercice qu'il avait abrégé après une vingtaine de minutes, visiblement agacé par une question d'un élu.

La ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, n’avait pas tardé à saluer l’annonce du bannissement : "TikTok a réagi. Le compte principal d'Alex Hitchens sur leur plateforme, c'est fini. Tant mieux", avait-elle écrit jeudi sur X. L’intéressé lui a répondu ce vendredi : "Ce compte n'était plus actif depuis 2022", avant d’enfoncer le clou dans sa biographie TikTok : "Même bannir un vieux compte de 2022 vous savez pas faire".

"Tant qu'un tribunal ne me dit pas d'arrêter, je vais continuer"

Dans son message de retour sur X, Alex Hitchens prévient les autorités qu'il est prêt à partir au bras de fer. "Vous ne pouvez pas me "cancel" (...) J'espère que TikTok France est en train de me regarder (...) Je peux créer des milliers de comptes. Et tant qu'il n'y a pas eu un décret officiel, tant qu'un tribunal ne m'a pas dit droit dans les yeux que si je recrée du contenu sur TikTok on me met en prison, je vais continuer à le faire, parce qu'il n'y a rien d'officiel. Vous avez banni mes comptes sans autorisation", a-t-il déclaré, se disant prêt à créer de nouveaux comptes en cas de nouveau bannissement. Durant son audition mardi, l'influenceur avait affirmé que la plateforme hébergeait une cinquantaine de comptes reprenant ses contenus, dont sept gérés par lui-même.

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Suivi par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, principalement sur YouTube, Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, se présente comme un "coach de séduction", vendant des formations en ligne censées décrypter les secrets de la psychologie féminine. Il était convoqué par la commission d'enquête sur TikTok pour ses discours jugés masculinistes et misogynes, appelant notamment à ce que les femmes restent chez elles après 22 heures et contribuant à populariser le concept de "body count", une manière de juger les femmes à l'aune de leur nombre de partenaires sexuels.

Cette passe d'arme met en lumière les limites de la stratégie de l'exécutif consistant à faire pression directement sur les plateformes en contournant l'autorité judiciaire pour faire retirer des contenus qui flirtent avec les marges de la légalité. Mi-mai, le compte de l'influenceur et acteur pornographique AD Laurent avait déjà été supprimé par TikTok après un signalement effectué par la ministre Aurore Bergé.