DMA : la nouvelle loi européenne va-t-elle compliquer la vie des internautes européens ?

L'Union européenne met-elle des bâtons dans les roues de ses propres internautes ? Depuis l'entrée en application des premières mesures de conformité des champions technologiques avec le Digital Market Act (DMA), le nouveau règlement européen sur les marchés numériques conçu pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des grandes plateformes, de nombreuses personnes se plaignent de changements qui ne leur facilitent pas la vie.

Entre la disparition de Google Maps et Google Flights des résultats de recherche Google, l'expérience limitée offerte par les comptes Instagram et Messenger indépendants de Facebook, les risques pour la sécurité des utilisateurs européens de l'iPhone brandis par Apple et les plaintes de certaines professions de l'hôtellerie, du tourisme ou des médias qui s'estiment lésées par la nouvelle présentation des résultats de recherche sur Google, le DMA peut parfois sembler rater sa cible. 

Certains internautes se plaignent aussi de devoir composer avec une étape supplémentaire fastidieuse lors de la configuration de l'iPhone qui doit désormais laisser les utilisateurs choisir parmi 12 navigateurs Internet au lieu de les laisser utiliser Safari par défaut.

Comme après l'introduction du règlement européen sur les données personnelles (RGPD) en 2018, les internautes vont en outre devoir s'habituer à voir se multiplier les messages de demande de consentement dans les semaines à venir compte-tenu de l'obligation imposée aux plateformes d'obtenir leur aval pour associer les données issues de leurs différents services et personnaliser leur expérience. 

Une occasion de sortir de la dépendance aux écosystèmes

Toutes ces dispositions ne semblent pas aller dans le sens des consommateurs. Il convient toutefois d'avoir à l'esprit que certaines plateformes traînent peut-être des pieds pour se conformer au DMA. Ces dernières années, les entreprises technologiques ont souvent tenté de faire passer les textes encadrant leur activité pour des reculs aux yeux de leurs clients. Leurs premières mesures de conformité sont un moyen pour elles de prendre l'opinion publique à témoin dans leur bras de fer avec l'Europe et de faire oublier que ces lois sont nées pour contrer certains de leurs abus.

Apple, Google, Meta ou TikTok vont tout faire pour trouver les brèches juridiques à même de limiter les effets du DMA sur leur activité. Le texte est déjà contesté par leurs avocats devant les autorités européennes. Tout l'enjeu pour l'exécutif européen est désormais de s'assurer que l'esprit de la loi sera respecté. Le DMA a été conçu pour garantir des marchés numériques équitables et ouverts, pas pour entraver l'expérience de navigation des internautes. A priori, le DMA n'oblige pas Google à faire disparaître Google Maps et Google Flights de ses résultats de recherche. C'est l'interprétation choisie par le géant américain. Mais ce dernier pourrait très bien continuer de mettre en avant ses services dans ses résultats, à condition de les placer sur le même plan que des outils concurrents.

Les effets du DMA sur la concurrence et les droits des consommateurs ne pourront être jugés que sur le long terme. En attendant l'issue des contestations des plateformes devant les tribunaux, les internautes ont l'occasion de commencer à essayer de sortir de la dépendance confortable aux écosystèmes à laquelle les grandes plateformes les ont habitués depuis plus d'une décennie. Et peut-être découvrir que d'autres acteurs existent et proposent également des solutions performantes.