Un matin, à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif, la docteure Mansouriah Merad reçoit une femme de cinquante ans. Tristesse, perte d'appétit, grande fatigue… Depuis plusieurs jours, cette patiente atteinte d'un cancer a changé d'attitude.
"Ce n’est pas habituel. C’est une dame qui est dans la retenue. Elle a beaucoup de pudeur vis-à-vis de sa famille. Elle voulait toujours montrer à ses enfants qu’elle était encore en forme, elle faisait plein de choses. Et, depuis trois jours, elle était nettement moins bien", explique Mansouriah Merad, en charge de patients atteints de cancers, dans Symptômes.
Au départ, la médecin pense que sa patiente est en détresse psychologique. Pour cause, cette mère de deux enfants affronte une récidive agressive de son cancer, qui pourrait expliquer l'apparition de troubles du comportement.
"Au fond de moi, je me disais qu’il n’y avait rien de très urgent, que j’allais appeler potentiellement le psychiatre ou la psychologue", confie la docteure. Les patients atteints de maladies graves comme le cancer peuvent effectivement connaître un syndrome de glissement, lorsqu’ils arrêtent de se battre et de sauver les apparences…
Quand je lui ai palpé le ventre, elle a poussé une espèce de cri qui me paraissait démesuré
Dr Mansouriah Merad
L’examen est satisfaisant et la consultation ne montre aucune anomalie autant sur le plan neurologique, cardiaque que pulmonaire. Pour la spécialiste des cancers, aucun problème apparent ne permet d'expliquer ses souffrances actuelles. Pourtant l’attitude détachée de la patiente interpelle la médecin : "Je sentais une espèce de mal-être, elle avait vraiment du mal à me répondre", confie-t-elle.
"Il y avait une chose qui m’avait quand même étonné quand je lui ai palpé le ventre, elle a poussé une espèce de cri qui me paraissait démesuré". Inquiétée, la médecin lui fait passer des analyses. D’autant plus que ça n’est pas la première fois que ce phénomène se produit. Depuis quelques jours, les proches de la patiente ont également remarqué des cris de douleur inexpliqués…
Globules blancs, rouges, plaquettes, sodium, potassium… Une fois de plus, la prise de sang ne montre rien d’inquiétant. Pourtant, vingt-quatre heures plus tard, l'état de la patiente se dégrade et les questions tourbillonnent dans la tête du docteure Merad... Et si la douleur n’était finalement pas le vrai problème ?
Commentaires