Faut-il conseiller aux garçons de se faire vacciner contre les papillomavirus, virus sexuellement transmissibles qui causent certains cancers ? Cette question taraude la communauté médicale. L'organisme chargé des recommandations sur les vaccins va se pencher sur cette interrogation.
Actuellement, le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) est recommandé en France pour toutes les filles entre 11 et 14 ans, mais pas pour les garçons. Il l'est cependant pour les hommes de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
"Un certain nombre de pays appliquent un programme de vaccination pour les garçons et les filles", a relevé la professeur Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations (CTV), lors d'une rencontre avec la presse mercredi 6 juin. "Bien sûr, ce virus circule entre les garçons et les filles (...) Tout ça nous incite à nous reposer la question de la vaccination HPV chez les garçons", a-t-elle poursuivi. Aucun échéancier précis n'est fixé. Les HPV peuvent être à l'origine du cancer du col de l'utérus, de l'anus, mais aussi de cancers ORL.
En 2016, une étude américaine avait montré que les hommes étaient deux fois plus touchés que les femmes par le cancer de la gorge et de la bouche lié à une infection par un papillomavirus à la suite de rapports sexuels bucco-génitaux. Le vaccin anti-HPV est recommandé pour les garçons aux États-Unis, au Canada, en Australie ou en Autriche.
En France, la couverture vaccinale chez les filles est jugée insuffisante, à moins de 20%, alors que l'objectif fixé par le Plan cancer 2014-2019 est de 60%. "Peut-être que si on propose un schéma de vaccination différent (impliquant les filles et les garçons, ndlr), l'acceptabilité du vaccin sera supérieure", a estimé la Pr Bouvet. En mars, une étude australienne a prédit que ce pays pourrait venir à bout du cancer du col de l'utérus d'ici 20 ans grâce à une large campagne de vaccination contre les HPV.
La CTV a été transférée au sein de la Haute autorité de santé il y a un an. Auparavant, elle était sous l'égide du Haut conseil de santé publique (HCSP). Dans un avis rendu en 2016, celui-ci avait jugé que "l'augmentation de la couverture vaccinale des jeunes filles (restait) la priorité pour la prévention des maladies liées à l'infection par les HPV". "La vaccination universelle des garçons selon des modalités comparables à celles des filles n'est pas pertinente d'un point de vue santé publique", avait-il estimé.
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