Si la règle du "pas d'écran avant 3 ans" semble avoir été largement propagée chez les nouveaux parents, une nouvelle étude vient d'allonger le temps de cette recommandation. Que ce soient les tablettes, la télévision, les ordinateurs, les téléphones ou les consoles de jeux, les écrans seraient néfastes avant l'âge de six ans car ils "altèrent durablement la santé et les capacités intellectuelles" des enfants, expliquent des experts de la santé. Ces derniers appellent ce 29 avril à une "prise de conscience collective".
Introduisant de nouveaux conseils aux parents, le carnet de santé entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2025 indique "pas d'écran avant 3 ans", et préconise un usage "occasionnel, limité à des contenus à qualité éducative et accompagné par un adulte" entre "3 et 6 ans". Cet avertissement sanitaire est l'unique préconisation du rapport "Enfants et écrans", réalisé il y a un an par une commission d'experts nommée par le président Emmanuel Macron, à être entrée en vigueur depuis.
À l'heure où l'effet délétère des écrans sur les enfants ne fait pas consensus chez les chercheurs, les dix experts de cette commission avaient dépeint les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", jugeant "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus pornographiques et violents. Au vu des "connaissances récentes", il faut proscrire les écrans "avant 6 ans", écrivent mardi les cinq sociétés savantes, dont la Société française de pédiatrie et celles de Santé publique, de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et d'ophtalmologie dans une tribune adressée "aux jeunes parents, aux enseignants, éducateurs et pédagogues, aux soignants, aux décideurs politiques".
"En 2025, le doute n'est plus permis et les très nombreuses publications scientifiques internationales sont là pour nous le rappeler : ni la technologie de l'écran ni ses contenus, y compris ceux prétendument 'éducatifs' ne sont adaptés à un petit cerveau en développement", affirment les signataires. Les écrans "ne répondent pas aux besoins de l'enfant" et, "pire, ils entravent et altèrent la construction de son cerveau", alertent les sociétés savantes. "Retard de langage, troubles de l'attention, de la mémorisation, agitation motrice…": professionnels de santé et enseignants "constatent les dégâts produits par une exposition régulière aux écrans avant l'entrée à l'école primaire", assurent-elles.
Car le neurodéveloppement de l'enfant résulte "d'observations et d'interactions riches et variées avec l'environnement" pour lesquels "les six premières années de vie sont fondamentales". Se défendant de vouloir "diaboliser les outils numériques et leur usage", ils appellent les parents à "créer un environnement favorable à la santé et à l'épanouissement de l'enfant" avec des "activités alternatives : lecture à voix haute, jeux - libre, de société ou en plein air -, activités physiques, créatives et artistiques". Si "tous les milieux socio-éducatifs sont concernés", ils soulignent que "les expositions sont plus fortes dans les foyers défavorisés".
"Nous les instits, on voit tout de suite quel enfant est sur les écrans ou pas, en termes de comportement, d'agitation, de raisonnement", dit Nathalie L., professeur des écoles dans un village de la Drôme. "J'ai une petite qui fait des randos et joue au Monopoly en famille : ses écrits sont bourrés d'imagination", rapporte-t-elle. Pour "capter l'attention des élèves habitués à zapper", elle a mis en place "la classe flexible : changer d'activité au maximum tous les quarts d'heure".
Lundi, l'association Pas à Pas l'Enfant a déploré qu'"aucune action concrète n'ait été mise en place pour éviter le désastre sanitaire annoncé" par le rapport Enfants et écrans. Fin mars, sur France Inter, Servane Mouton, co-présidente de la commission ayant rédigé le rapport, pointait la responsabilité des "industriels, qui déploient des trésors d'inventivité et de créativité" pour créer des applications "qui vont nous faire passer le plus de temps possible" sur les écrans. Les "politiques", ajoutait-elle, "peinent encore aujourd'hui à faire appliquer une régulation votée au niveau européen et à diffuser de façon massive un discours à jour des connaissances scientifiques".
Mardi l'ex-chef du gouvernement Gabriel Attal et le pédopsychiatre Marcel Rufo ont publié une autre tribune réclamant un "état d'urgence contre les écrans" avec des "mesures radicales" pour "sauver" les adolescents des effets délétères des réseaux sociaux : création d'un "addict score", d'un "couvre-feu numérique" et "entretien d'évaluation" de la dépendance aux écrans en 6ᵉ, puis en seconde. En novembre, l'Australie a voté une loi interdisant l'utilisation des réseaux pour tous les moins de 16 ans. La ministre de la Santé Catherine Vautrin "s'exprimera sur le sujet des écrans dans les prochaines semaines", selon ses services.
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