Pour 2019, l’inspection du travail se fixe un objectif de 300.000 interventions d’inspecteurs. C’est davantage qu’en 2018 qui comptabilise 274.544 interventions par des agents de contrôle.
Ces inspections auront pour but de contrôler particulièrement quatre types d’abus des entreprises que sont les négligences sur la santé des salariés, l’utilisation illégale de travailleurs détachés, la dissimulation des salariés à l’égard de l’administration et les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes.
Dans un document que nous nous sommes procurés, la direction générale du travail se donne pour mission d’effectuer 60.000 interventions au sujet de la santé au travail. Sur toutes ces interventions, 40.000 d’entre elles concerneront des contrôles, des visites de chantier, des passages dans des entreprises industrielles et commerciales, pour vérifier que les salariés ne risquent pas "de chute de hauteur". Comprenez un échafaudage mal protégé, une échelle non fixée, etc.
C’est une priorité car d’après le document
que nous nous sommes procurés, "les chutes de hauteur ont été à l’origine
de 318 accidents du travail dont 49 mortels en 2018". C’est
légèrement moins qu’en 2017 (370 accidents du travail dus à une chute de
hauteur dont 53 mortels) mais ce chiffre est jugé toujours bien trop élevé.
Les
inspecteurs du travail seront également incités à davantage vérifier la
présence d’amiante. Le nombre d’inspection devrait doubler entre 2018 et 2019,
en passant de 11.515 interventions l’an dernier à 20.000 au cours des
mois à venir. La façon dont les entreprises spécialisées enlève l’amiante sera
passée au crible pour mieux protéger les salariés.
Deux autres axes de contrôles prioritaires concernent le travail illégal (travail non déclaré, dissimulation d’heures dans un emploi du temps, sous-traitance à la chaîne, etc.) et le contrôle du travail entrant dans le cadre du détachement.
Selon les responsables, "les formalités encadrant le
détachement mais aussi les règles de rémunération, de durée du travail, de
conditions de travail et d’hébergement sont insuffisamment respectées".
Le contrôle de la régularité du détachement en France fera donc l’objet de
24.000 inspections au cours de cette année, soit une hausse de 33%.
Enfin, la ministre du travail Muriel Pénicaud l’avait déjà annoncé, les inspecteurs devront contrôler davantage les différences de salaires des femmes par rapport aux hommes. 7.000 inspections sont programmées pour 2019, contre 4.502 l’an dernier.
Des contrôles et des actions d’informations et d’accompagnement seront déployés pour permettre la mise en place de l’Index de l’égalité, sorte de boite à outil qui doit permettre de mesurer les différences de salaires et les augmentations perçues par les salariés.
En
2018, 4.364 agents de l’inspection du travail sont comptabilisés. Si le
nombre d’inspections augmente, est-ce que les moyens suivront ? La
question est posée par plusieurs syndicats. Si Force Ouvrière craint la
déstabilisation de plusieurs services, une intersyndicale des inspecteurs se
déclare "très inquiet.e.s de l’état de santé des agents".
La CGT,
SUD et la FSU ont même écrit le 4 mars dernier, une lettre ouverte au ministère
du travail pour dénoncer "une augmentation très sensible des tentatives
de suicide et suicides au sein du ministère". En moins d’un an, selon les syndicats,
"onze collègues avaient mis fin ou tenté de mettre fin à leurs jours au
sein des services".
Et
si les syndicats réclament plus de moyens, le ministère du travail semble au
contraire vouloir réduire la voilure. Il y a quelques semaines, la ministre du
travail Muriel Pénicaud a annonçait aux responsables régionaux un objectif pour
2022, d’un agent de contrôle pour 10.000 salariés. Un chiffre qui
aboutirait d’après les syndicats à une suppression de 15% des effectifs.
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