"On ne va pas se mentir, c'est pas quelque chose qu'on voit tous les jours. Donc, à partir de ce moment-là , ça va nous marquer à vie", confie Anne Charon, endocrinologue en dixième année de médecine à la Pitié Salpêtrière de Paris dans Symptômes.
Ce jour-là , Anne Charon s'en rappelle parfaitement. Dans le service de thyroïde et de tumeurs endocrines du prestigieux hôpital parisien, les consultations suivent leurs cours. Pourtant, la docteure et ses collègues sont loin d'imaginer qu'un appel va venir bouleverser cette journée, à priori banale.
"Mes chefs m'appellent et me disent qu'on va recevoir un transfert dans un hôpital qui s'occupe particulièrement des maladies du pancréas. On me dit que c'est un transfert assez urgent parce que ce jeune patient avait un fait effet indésirable grave à un traitement qu'on donne pour sa thyroïde", se souvient la jeune interne.
Perte de poids, fatigue extrême, accélération du transit et augmentation de sa fréquence cardiaque… C'est dans un état de détresse physique que le patient franchit les portes du service. "Il a dû arrêter le traitement de son hyperthyroïdie pendant plus de cinq jours. Et à ce moment-là , l'hyperthyroïdie flambe. Il était donc sans traitement et cliniquement, ça se voyait", explique la médecin.
Ce patient avait un fait effet indésirable grave à un traitement qu'on donne pour sa thyroïde
Anne Charon, endocrinologue à la Pitié Salpêtrière
Depuis cinq ans, le patient souffre de la maladie de Basedow, une maladie auto-immune et fréquente de la thyroïde, la plupart du temps sans gravité. "C'est 30 à 50 patients pour 100.000 habitants en France. Donc c'est un peu ce qu'on appelle un quotidien pour l'endocrinologue", contextualise la docteure. Si la maladie est commune et facilement traitable, les effets secondaires se font eux, bien plus rares.
"Le traitement de première ligne, le traitement conventionnel qu'on donne pour l'hyperthyroïdie d'ailleurs, qu'on donne très fréquemment en France pour la maladie de Basedow, lui a provoqué cette inflammation du pancréas. C'est tellement rare que, dans le monde, il n'y a que deux cas recensés", s'étonne toujours la jeune médecin.
C'est tellement rare que, dans le monde, il n'y a que deux cas recensés
Anne Charon, endocrinologue à la Pitié Salpêtrière
D'autant plus que le patient n'en est pas à sa première crise de la maladie. Le jeune homme en avait déjà déclaré une dans son pays d'origine. "Il me dit qu'il avait déjà été traité et je comprends bien que c'est un médicament qu'on donne aussi en France, qui est un traitement standard et probablement qu'à cette époque, ça avait dû faire effet", ajoute-t-elle. Pourquoi le patient rejette-t-il maintenant le médicament ?
Pour le service d'endocrinologie, le temps presse, l'état du patient se dégrade et les options semblent extrêmement limitées… Mais comment avancer alors que ce patient ne supporte plus le principal traitement qui existe contre l’hyperthyroïdie, voire le seul ?
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