Glyphosate : "On ne peut plus dire que c'est sans danger", réagit la mère de Théo, handicapé
En mars 2022, les experts du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides reconnaissaient pour la première fois le lien entre l'utilisation du glyphosate pendant la grossesse de Sabine Grataloup et la grave malformation de son fils Théo.
En 2017, Emmanuel Macron promettait l'interdiction du glyphosate sous trois ans. Ce désherbant qui fait polémique vient de voir son utilisation prolongée de dix ans par la Commission européenne. En mars 2022, le glyphosate a été reconnu responsable de la grave malformation au larynx de Théo, 16 ans, lors de la grossesse de sa maman, Sabine Grataloup.
Bien que les avis restent encore partagés, y compris au sein de la communauté scientifique, cette reconnaissance fait figure d'exception : "C'est le comité d'experts du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides, mis en place par l'État et composé de médecins, de professeurs, d'universitaires, qui s'est prononcé sur la base du dossier qu'on leur avait envoyé", explique Sabine Grataloup.
Le dossier, épais de plus de mille pages, s'est basé également sur des études et des témoignages. Si les experts ne peuvent pas affirmer à 100% que le glyphosate est entièrement responsable, dans le cas de Théo, le comité s'est prononcé "avec le plus haut niveau de certitude qui lui était permis par la loi", confirme sa maman. "Un niveau de certitude en tout cas assez suffisant pour enclencher une indemnisation."
"Lâche et honteux"
La reconduction du pesticide pour dix nouvelles années suscite l'inquiétude au sein de l'opinion. "Aujourd'hui, on ne peut plus dire que ce produit est sans danger", affirme Sabine Grataloup. "De nombreux professeurs ont pris la parole pour rectifier ce qui était parfois dit sur les réseaux sociaux et dans certains articles. Et des scientifiques dont on ne peut pas remettre en cause l'expertise !"
La maman de Théo pointe les enjeux économiques qui ont fait pencher les votes vers un "oui" : "Le gouvernement a fait un choix qu'il n'a pas le courage d'assumer", regrette-t-elle. "C'est lâche et honteux [...]. Le gouvernement aurait dû voter contre si leur priorité était le respect de la science et surtout la santé des concitoyens."
