ÉDITO - Déclin démographique : pourquoi assiste-t-on à une baisse des naissances ?

Il y a à peine 20 ans, les experts redoutaient une planète surchargée et dévastée par les humains surnuméraires, et peinant à les nourrir. Or, ce n'est pas du tout ce qui va se passer. Au contraire, le monde entre dans une dépopulation sans précédent depuis le XIVe siècle, lorsque l'épidémie de peste avait tué la moitié des Européens.

Cependant, la population mondiale continue à augmenter. C'est parce que l'espérance de vie moyenne continue à progresser, et non plus à cause des naissances. Les deux tiers de l'humanité vivent aujourd'hui dans des pays où la fécondité est inférieure à 2,1 enfants par femme, le seuil nécessaire pour le renouvellement de la population.

Il y a quelques années, on pensait que le pic de la population mondiale serait atteint vers 2085, avec un peu plus de 10 milliards d'habitants. Aujourd'hui, on estime que ce pic surviendra 30 ans plus tôt, avec 9 milliards de terriens, contre 8 milliards actuellement.

Cette chute des naissances concerne surtout les pays riches, non ?

Pas du tout, c'est la grande surprise des dernières années. Ce phénomène est quasi mondial. En Turquie, en Tunisie, au Guatemala, le taux de fécondité est à peine supérieur à un enfant par femme. En Chine, il est de 1,2. Dans certaines grandes villes indiennes, il n'y a qu'un enfant par femme. Pour la première fois l'année dernière, le Mexique a affiché un taux de fécondité plus faible que celui des États-Unis ! En Thaïlande, le nombre de décès dépasse celui des naissances, entraînant une baisse de la population. Cela n'a donc rien à voir avec le niveau de développement.

Qu'est-ce qui explique la baisse de la fécondité ?

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Les démographes se perdent en conjectures. Le déclin de la famille, la montée de l'individualisme, l'urbanisation qui rend la vie matérielle et le logement plus coûteux. L'envie d'enfant, de la part des femmes, s'affaiblit partout sur la planète. Sans oublier les problèmes de fertilité, désormais très répandus, tant chez les femmes que chez les hommes.

Ce déclin démographique est-il une bonne nouvelle ?

Nous échapperons au cauchemar d'une planète surpeuplée, ce qui est positif. Cependant, il faudra opérer des transformations considérables de nos systèmes sociaux et économiques pour s'adapter au vieillissement général qui nous attend.