Cosmétiques : attention aux fausses promesses
La Société française de dermatologie alerte sur les promesses de certains fabricants de cosmétiques. Ceux-ci prétendent que leurs produits peuvent agir sur notre humeur. Ce qui n’est pas leur fonction. Explications.
Les dermatologues s’inquiètent de voir certains fabricants de cosmétiques prétendre ou laisser entendre que l’application de leurs produits sur la peau peut avoir des effets directs sur le cerveau, et donc sur notre psychisme. En somme, ce qui est sous-entendu, c’est que les cosmétiques pourraient nous rendre de meilleure humeur, et même plus heureux. Lorsqu’on applique une crème, sa texture et son parfum peuvent nous procurer du plaisir. Le confort ou le résultat que le soin apporte peut déclencher chez l’utilisateur une émotion positive.
Mais certains laboratoires vont plus loin dans le discours. Ils affirment que leurs produits contiennent des ingrédients capables d’agir directement sur le cerveau et de moduler nos émotions. Et comme le dit Laurent Misery, professeur de dermatologie au CHU de Brest et président du Groupe de psychodermatologie de la Société française de dermatologie, "soit c’est de la publicité mensongère, soit c’est vrai, et c’est inquiétant". Il faut savoir que selon les réglementations internationales, un cosmétique est un produit qui ne devrait pas traverser la peau dans toute son épaisseur. En clair, il devrait rester à la surface de la peau et ne pas passer dans le sang. Donc impossible pour un cosmétique d’agir sur le cerveau !
Des études ont cependant déjà montré que certains composants, notamment des ingrédients indésirables comme des perturbateurs endocriniens, pouvaient se retrouver dans la circulation sanguine, lorsqu’ils étaient appliqués notamment sur des peaux lésées. Même si la barrière de la peau n’est pas totalement hermétique, notamment lorsqu’elle est fragilisée ou asséchée par une maladie dermatologique, on n’attend pas d’un cosmétique qu’il passe dans la circulation sanguine et agisse ailleurs que sur la peau. "Si c’était le cas, souligne le dermatologue, ce produit devrait être retiré du marché et interdit à la vente. En plus, si un produit pouvait agir sur notre humeur, ce serait préoccupant car cela voudrait dire qu’il y a un risque de dépendance".
Des fabricants prétendent que leurs produits contiennent des endorphines, du CBD, ou encore des peptides capables de faire produire par la peau des endorphines, vous savez ces molécules antistress, qui permettent d’être dans un état de bien-être. Si tel était le cas, cela pourrait induire un risque de dépendance, alerte la Société française de dermatologie. En effet, comme le précise le Pr Laurent Misery, "on pourrait devenir accro à un cosmétique, comme on peut l’être à tout produit capable d’augmenter la sécrétion d’endorphines, de provoquer une sensation passagère de bien-être, et donc d’activer dans le cerveau le circuit de la récompense. Donc, ce serait grave et pas tolérable".
Dans les deux cas, publicité trompeuse ou risque de dépendance possible, ces cosmétiques qui prétendent agir sur l’humeur sont donc à proscrire.
