Faut-il croire en l'annonce de Vladimir Poutine, qui affirme que la Russie a mis au point un vaccin contre le coronavirus ? "Comme tout le monde, on ne sait pas exactement l'efficacité de ce vaccin et son innocuité puisque nous n'avons pas eu accès aux données scientifiques", explique Anne-Claude Crémieux, qui rappelle que pour les autres vaccins, "on a pu apprécier au travers des publications scientifiques les résultats des premières phases d'introduction chez l'homme".
Selon l'infectiologue, l'OMS n'a pas les moyens de juger dans la mesure où elle n'a pas accès à l'ensemble des données concernant l'efficacité de ce vaccin, que ce soit "des données expérimentales chez le singe macaque qui donnent une première idée de l'efficacité [...] ou que ce soit des données des premières introductions chez l'homme qui sont importantes pour vérifier l’innocuité".
Anne-Claude Crémieux précise cependant que la technologie utilisée pour ce vaccin est également employée par d'autres industriels. La méthode consiste à utiliser "un autre virus qui sert de vecteur à la partie du coronavirus qui va déclencher la réponse immunitaire et protectrice, on l'espère, chez l'homme [...] Sur le plan technologique, ce n'est pas une aberration", estime la médecin de l'hôpital Saint-Louis.
Elle souligne en revanche le caractère "inhabituel" du fait que les données scientifiques n'aient pas été rendues publiques. "On a l'impression qu'au fond, ils vont sauter une phase [...] où le vaccin est administré à plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de personnes, et où l'on compare ce groupe vacciné à un groupe non-vacciné pour faire réellement la preuve de l'efficacité du vaccin", conclut la professeure.