Il s’intitule "TAP", comme "Traitement ambulatoire précoce" et se répand comme de la mauvaise herbe numérique. Peut-être avez-vous vu sur les différents réseaux sociaux un message accompagnant un tableau à l'allure scientifique. Plein de couleurs et de noms compliqués, ça ressemble à un cours de bio-physique, c’est un soi-disant traitement efficace contre le virus.
Il s’agit d’un tableau de prescriptions ambulatoires – c’est-à-dire hors hôpital. Pour les asymptomatiques ou symptomatiques légers, le protocole préconise un traitement préventif empruntant aux médecines douces. On y parle complément alimentaire, acupuncture et antiparasitaire, un cocktail qui n’est plus expérimental mais exploratoire à ce niveau.
Pour les formes les plus sévères, le tableau fait référence au protocole Raoult et au mélange hydroxychloroquine et azithromycine. Ce tableau et ces recommandations interrogent. Ils sont très critiqués par un grand nombre de scientifiques et syndicats de médecins.
Le journal Le Monde a interrogé Pierre Cochat, président de la Commission transparence de la Haute autorité de santé qui est très clair sur ce protocole. "Je ne conseille absolument pas de suivre ce protocole, qui n’a rien de médical, Il inclut trop de données aléatoires sur lesquelles, je ne comprendrais pas qu’un médecin le prescrive", dit-il.
Pourtant, les auteurs de ce rapport se sont donnés du mal mais leurs recommandations ne sont vraiment pas bonnes.
Plusieurs médias se sont penchés sur cette publication et notamment le journal Libération qui a publié la semaine dernière un large dossier sur le sujet. Ce tableau est le fruit du travail du collectif "Laissons les médecins prescrire", une quarantaine de professionnels qui militent depuis le printemps 2020 pour un autre traitement du Covid en dehors de l'hôpital.
Ce collectif est très loin de faire consensus dans la communauté des professionnels de santé mais il est soutenu par toute la galaxie de covidosceptiques. Ainsi, on retrouve la députée ex-LREM Martine Wonner, connue pour ses positions anti-masque ou le collectif ReinfoCovid, un média très présent sur les réseaux sociaux qui entend donner de vraies infos sur l’épidémie en s’opposant au couvre feu ou au confinement, par exemple.
Pour relayer le tout, on peut compter sur France Soir, qui n’a plus rien à voir avec le titre de presse de référence d’autrefois mais est devenu un site Internet aspirateur à théories complotistes, un millefeuille conspirationniste lourd à digérer.
Il y a peu de chance tant la défiance est forte et surtout parce qu’il n’existe pas de traitement contre le Covid. Là, c’est un mélange d’éléments différents avec un problème de méthode qui pour la plupart des scientifiques interrogés ne mène à rien et pourrait être dangereux.
La Coordination santé libre qui promeut ce protocole évoque le soutien de 30.000 médecins, soit 13% des médecins français, sans que l’on puisse vérifier ce nombre et cette adhésion. Ce protocole pourrait être étudié par les instances de la médecine. En attendant, mieux vaut prendre un peu de recul par rapport à ce genre de traitement, c’est un geste assez efficace.
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