Ados obsédés par la musculation : "Je veux avoir un beau corps pour avoir les filles à mes pieds"
La musculation rencontre un succès très important chez les jeunes, poussés par les réseaux sociaux. Un atout pour accroître sa confiance en soi, qui n'est pas sans risque sur sa santé.
Les bonnes résolutions de janvier s'accompagnent d'une hausse de la fréquentation dans les salles de sport. À Paris, dans une salle où s'est rendu RTL, près de la moitié des clients sont des adolescents. Se regarder, contracter chaque muscle, prendre une photo à la fin de la séance est devenu pour eux une habitude.
Devant la glace, Jules, 16 ans, travaille aujourd'hui son dos. Avant, il était "un peu complexé", voulait prendre "un peu de muscle". Aujourd'hui, malgré des progrès - ce qui est "hyper motivant" - le garçon ne se trouve "pas encore assez musclé".
Se plaire et séduire, développer sa confiance en soi, tenter d'effacer des complexes, autant de raisons qui ont amené Maxime et Julien à pousser les portes de cette salle. Le premier, 17 ans, désire avoir "un beau corps" pour avoir "les filles à tes pieds". Par le passé, le second, 15 ans, a été "beaucoup critiqué" sur son corps. "On va faire taire les critiques. Mon corps s'est depuis amélioré".
Pour progresser plus vite, Julien prend de la créatine. "Cela t'apporte de la force et ça te forge un meilleur physique."
Le culte du corps
C'est sur Instagram que l'on retrouve les modèles de Julien, Maxime et bien d'autres. Les influenceurs "musculation" défilent et inondent les plateformes de leurs conseils. Romain Basso est suivi par plus de 120.000 personnes. Il propose notamment des conseils pour devenir la meilleure version de soi-même.
"Oui, il y a un culte du corps et cela peut être compliqué pour certaines personnes. Parce que si on ne le fait pas, on ne se sent pas comme tout le monde", confie le jeune homme de 21 ans. Pour lui, "on peut vite aller dans des extrêmes, surtout à des jeunes âges où l'on ne sait pas vraiment ce que l'on fait. On ne prend pas le temps de se renseigner. Et on agi en fonction de ce que l'on voit sur les réseaux sociaux."
Il rappelle que la prise de compléments alimentaires avant 16 ans "n'est pas utile, ni obligatoire". Assurant au passage que les protéines ingérées sont "simplement des protéines de lait déshydratées. C'est comme si on buvait du lait."
Risque de bigorexie
De son côté, le docteur Hervé Martini est préoccupé par la pratique excessive de la musculation chez les très jeunes. "Ils vont pousser au maximum et à l'extrême jusqu'à avoir un phénomène que l'on connaît : la bigorexie. Le corps ne sera finalement jamais bien. Et même s'il est très musculeux, on ira donc dans le toujours plus."
Pour ce médecin chez Addictions France, "les influenceurs ou les jeunes vont utiliser trop de protéines par rapport à ce qui est recommandé." Les risques sont réels : "déshydratation", l'os va "perdre du calcium", sans parler d'une "alimentation déstabilisée".
Et en cas d'un arrêt de l'activité physique et de la prise de compléments alimentaires, "un phénomène de compensation" va se produire ainsi qu'une "prise de poids majeure".
Le docteur Hervé Martini appelle à faire plus de prévention contre les pratiques sportives disproportionnées tout en mettant en garde sur la qualité des compléments alimentaires vendus sur internet.
