Le Président de la République s'apprête à présenter ses vœux aux Français pour l'année 2020 ce mardi 31 décembre. Le paradoxe est qu’il s’agit d’un exercice très convenu, très codifié, un peu désuet, excepté qu'Emmanuel Macron se retrouve pour la deuxième année consécutive dans la situation d’en faire un événement politique.
L’an dernier, ses vœux intervenaient en pleine crise des gilets jaunes. Cette fois-ci, il va s’adresser aux Français au 26e jour de grève contre la réforme des retraites. Et alors qu’il a fait le choix de rester en retrait sur ce dossier depuis plusieurs semaines maintenant, il est donc d’autant plus attendu.
Néanmoins il ne faudra pas s'attendre à des annonces importantes. Étant donné la fadeur des éléments de langage de l’Elysée, selon lequel le chef de l’État aura des mots "d’apaisement", on peut imaginer qu’Emmanuel Macron n’a rien dit à personne et cherche à ménager, comme il en a l’habitude, un petit effet de surprise.
La logique serait qu’il ne fasse pas d’annonce concrète. D’abord parce que le calendrier ne s’y prête pas. Les partenaires sociaux ont rendez-vous le 7 janvier à Matignon pour reprendre les négociations sur la réforme, il ne va pas leur couper l’herbe sous le pied. Et avant Noël, Édouard Philippe a donné sa ligne, sur ce qui apparaît comme une pierre d’achoppement entre l’exécutif et la CFDT.
Le Premier ministre n’entend pas, à ce stade, revenir sur sa proposition d’âge pivot à 64 ans. Vu sa fermeté affichée, rien qu’une inflexion dans le ton sur ce sujet, de la part d’Emmanuel Macron, sera interprétée comme un désaveu. Or s’il a fait le choix de rester en retrait et de faire monter Édouard Philippe "en première ligne", comme on dit, ce n’est pas pour le saper dès à présent.
Avec tout ce qu’il a de traditionnel, le cérémonial des vœux reste, d’une certaine façon, l’occasion toute trouvée pour s'adresser, comme certains macronistes historiques le réclament, au cœur des Français.
Or si cette réforme des retraites a déjà échoué, d’une certaine façon, c’est bien sur le plan de sa perception. "Personne n’essaie de convaincre les gens" déplorait hier le sociologue Jean Viard, qui faisait partie des groupes de travail sur ce sujet pendant la campagne d’Emmanuel Macron.
Pour comprendre ce qu’il veut dire, il faut rappeler que cette réforme avait en effet été conçue, au départ, comme une réforme de justice sociale, pas une réforme financière. Et ce ne sont pas que des mots. Le concept était simple : "Un euro cotisé donnera les mêmes droits, quelque soit le moment où il a été versé, quelque soit le statut de celui qui a cotisé". Voilà ce qu’on peut encore lire sur le site de campagne d’Emmanuel Macron.
Le but de cette réforme était de créer un système plus équitable, de faciliter la mobilité sur le marché du travail, de faire en sorte que ceux qui ont des carrières hachées ne soient plus pénalisés. De permettre à chacun de choisir le moment où il veut partir à la retraite, quitte à perdre un peu de pension. Bref, l’idée qui sous-tendait le projet, c’était de remettre de la confiance dans le système et dans un monde qui a changé.
Mais à trop vouloir soigner son image de réformateur auprès de l’électorat de droite, à faire, notamment, le choix d’accompagner cette réforme du système d’une mesure de rattrapage financier, le fameux âge pivot à 64 ans, l’exécutif s’oriente, au mieux, vers une victoire au forceps.
Emmanuel Macron a ce soir l'occasion de revenir aux fondamentaux de sa campagne. De réexpliquer, simplement, le pourquoi de sa réforme, en parlant aux Français. "À leur intimité", comme le lui conseille Jean Viard. Il pourrait, par exemple, "rappeler qu’il y a 1 millions 500.000 femmes seules. Dire qu’aujourd’hui on perd ses parents à 63 ans en moyenne. Donc on n’a plus d’héritage". Montrer en filigrane qu'il ne gère pas que l'État, mais la société. Encore faudrait-il qu'il ne soit pas trop tard.
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