Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, a appelé à voter pour le Nouveau Front Populaire. Une prise de position assez inédite qui donne une idée de l'enjeu particulier des législatives anticipées. En 1936 et en 1945, la CGT avait déjà appelé à voter pour tel ou tel candidat mais depuis, le syndicat n'avait jamais donné une telle consigne de vote.
"La CGT se contentait de dire qu'il faut battre tel ou tel programme, tel ou tel candidat, sans forcément soutenir une liste, un candidat, un projet. Aujourd'hui, Sophie Binet quand elle nous dit 'il est minuit moins une', ça nous rappelle notre tragique histoire et les prises de responsabilités qui sont nécessaires, et donc je pense que c'est une clarification souhaitable", explique Thierry Lepaon, ancien secrétaire général de la CGT.
Cette prise de position marque tout de même un changement par rapport à l'histoire syndicale puisqu'en 1906, la charte d'Amiens introduisait la séparation de l'activité syndicale de l'activité politique.
"Aujourd'hui, cette position de Sophie Binet, je la trouve extrêmement intéressante parce qu'elle est quand même en rupture avec les années de Philippe Martinez qui, en 2017 a dit : il faut faire barrage à Marine Le Pen mais, par contre, je ne donne pas de consigne de vote. Donc, on était dans le 'ni... ni'. Aujourd'hui, au niveau des syndicats, on n'est plus dans le 'ni... ni'", indique Emmanuelle Souffi, journaliste spécialiste des questions sociales au Nouvel Obs.
Tous les syndicats ne sont toutefois pas clairement positionnés. C'est notamment le cas de Force Ouvrière, de la CFTC et de la CFE-CGC qui ne veulent pas en particulier risquer d'être en porte-à-faux après les élections quand il va falloir jouer le rôle de négociateur.
Le patronat, quant à lui, semble gêné par ces extrêmes qui se profilent et qui ont des lignes politiques qui ne sont pas tout à fait celles qu'il aimerait pousser. "Le patronat, il s'adapte, il creuse un trou, il met la tête dedans et puis il attend que le vent mauvais passe. C'est un peu ce qu'il a fait. Il faut dire qu'il a été quand même chouchouté ces dernières années, depuis 2017 par Emmanuel Macron et les différents gouvernements macronistes. Donc, il perd gros dans cette dissolution", précise Emmanuelle Souffi.
Les syndicats, tout comme le patronat, doivent faire face à la tentation de voter RN. Désormais, pour un cégétiste, il n'est pas incompatible de se tourner vers l'extrême-droite. "Globalement, dans le monde syndical, la proportion de sympathisants qui ont l'intention de voter pour le RN est plus faible que dans l'ensemble des salariés et dans l'ensemble des électeurs. L'organisation syndicale dont les sympathisants sont le plus perméables aux idées du Rassemblement National, c'est Force Ouvrière avec 34%. Pas loin derrière, il y a la CGT avec 24% alors qu'à la CGT, les sympathisants de la France Insoumise, c'est 25%", détaille Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail.
Selon Emmanuelle Souffi, une scission à droite, voire à l'extrême droite, des syndicats semble peu probable pour une simple et bonne raison : "La plupart des syndicats, quand il y a une 'brebis galeuse', un militant, un responsable fédéral qui se présente aux élections sous l'étiquette RN, il est immédiatement exclu du syndicat", explique-t-elle.
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