L'apaisement n'aura duré que quelques heures à l'Assemblée nationale. Dans la nuit du 25 au 26 février, les députés La République En Marche et MoDem ont déserté l'hémicycle, afin de protester contre "l'obstruction" et une "litanie" d'amendements, principalement déposés par la France insoumise et les députés communistes. De 23h35 à 00h10, seuls les présidents de groupes, Gilles Le Gendre et Patrick Mignola, sont restés dans l'hémicycle pour représenter leurs troupes face à l'opposition.
La veille, les députés Les Républicains ont réclamé la suspension des débats sur la réforme des retraites, jusqu'à la fin de l'achèvement de la "conférence de financement" fin avril. Selon le chef de file des députés LR, Damien Abad, cela permettrait de "sortir de l'obstruction", du "ping pong oral dévastateur" et ainsi éviter le recours à l'article 49.3 de la Constitution.
En réponse, Édouard Philippe a préféré laisser entrouverte l'option du passage en force. "Lorsqu'il faut prendre ses responsabilités, je le fais sans hésiter et j'utilise toute la Constitution, rien que la Constitution, mais bien toute la Constitution", a fait valoir le chef du gouvernement. Mais en coulisses, Matignon doute et avance avec prudence sur la question du 49.3.
Pourtant, il se murmure dans les hautes sphères de l'État que cette question serait déjà tranchée. Seule interrogation en suspend : quand déclencher la procédure constitutionnelle, comme le révèle Le Point. La veille, le chef du gouvernement s'était invité à une réunion des députés La République En Marche. Silencieux, il a écouté les différents arguments des élus, eux-même partagés entre ceux qui privilégient le débat parlementaire et ceux favorables à une accélération de la procédure en engageant la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale, sans passer par un vote.
Édouard Philippe leur a aussi exprimé une demande : la patience. "Nous avons besoin que vous teniez encore, que vous continuiez à être dans la discussion, pour une raison simple : je trouve compliqué et difficilement compréhensible pour l'opinion de prendre acte trop tôt", a expliqué le premier ministre aux députés. Selon un sondage BVA pour RTL, 72% des Français sont contre un passage en force.
L'Élysée commence de son côté à s'impatienter. "Il faut en finir et aller vite. Le président est pressé de passer à autre chose car le feuilleton n'a que trop duré. D'autant que sur l'usage du 49.3, les sondages ont montré qu'une très grande majorité de nos sympathisants y étaient favorables", défendait un conseiller dans