Retraite politique à 70 ans : "Hors-sujet !", répond Alba Ventura

Faut-il mettre les politiques à la retraite à 70 ans ? C'est l'une des propositions qui figurent dans un rapport remis lundi 22 juin au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, pour permettre aux jeunes de s'engager dans la vie publique. C'est ridicule. Puisque l'on est en période de bac, pardon mais c'est "copie hors-sujet".

En tout cas, ce n'est pas en mettant à la retraite à 70 ans les politiques que l'on attirera plus de jeunes. C'est une idée fausse. Même s'il est vrai que l'image du vieux sénateur qui s'endort pendant la séance est ravageuse. Mais vous avez de nombreux politiques qui ont 70 ans, ou presque, ou un peu plus, et qui assurent aussi le lien social dans beaucoup d'endroits reculés du pays.

Trop d'élus en France

Si on veut vraiment renouveler le personnel politique, on sait qu'il faudra avancer sur le statut de l'élu, à présent que le non-cumul des mandats est programmé pour 2017. Il faudra aussi réfléchir plus sérieusement à la limitation du nombre de mandats. Il faudra sans doute réduire le nombre de parlementaires.

On a trop d'élus dans ce pays. On est un pays d'élus. En France, on a un élu pour 100 habitants ; en Grande-Bretagne, un élu pour 2.600 habitants ; aux États-Unis, un congressman pour 590.000 habitants. On peut peut-être trouver un juste milieu.

Pour attirer les jeunes, les partis politiques ont un rôle à jouer. D'autant que les jeunes disent que globalement la politique les intéresse. D'une certaine manière, ils font de la politique sur les réseaux sociaux, dans les associations ou dans l'humanitaire. Ils votent, ils participent à des manifs, ils signent des pétitions. Mais adhérer à un parti les rebute.

C'est ce système d'investiture, décidé depuis Paris, qui bloque le renouvellement

Alba Ventura

Pourtant c'est dans un parti notamment que l'on commence un engagement. En tout cas, ça devrait être une école militante. Le problème, c'est qu'il faudrait que les partis revoient leur système d'investiture. Vous croyez que c'est vous, citoyens, qui choisissez votre député, votre conseiller départemental ou votre conseiller régional ? En fait, non ! C'est le parti qui choisit.

Les partis ne sont plus que des machines à élire, à recaser, à parachuter, et à reconduire les sortants. C'est comme cela que l'on se retrouve toujours avec les mêmes. C'est ce système d'investiture, décidé depuis Paris, qui bloque le renouvellement, qui empêche un parti de se régénérer.

"L'âge du capitaine", un sujet récurrent

Ce qui est amusant c'est que l'âge des politiques est un sujet récurrent. En 1974, il y avait eu un débat sur l'âge de François Mitterrand. Est-il trop vieux ? Il avait 58 ans à l'époque. Il n'avait donc pas encore fait ses deux mandats. Encore une fois, ce n'est pas un question d'âge.

L'"âge du capitaine", c'est l'argument de Nicolas Sarkozy pour dire qu'Alain Juppé est trop vieux. Ce à quoi ce dernier avait répondu : "Mieux vaut un sexa en forme qu'un quinqua amorti".

Ce que l'on demande à nos hommes politiques c'est plutôt d'essayer de s'interroger de temps en temps

Alba Ventura

En fait qu'ils soient quadra, quinqua ou sexa, ce que l'on demande à nos hommes politiques c'est plutôt d'essayer de s'interroger de temps en temps. Est-ce que je ne suis pas déconnecté ? Est-ce que mon expérience est suffisante ?  Est-ce que je n'ai pas besoin de me ressourcer ailleurs ?

En définitive, et au-delà de tout ce qu'il faudrait changer, la vraie question ce n'est pas : est-ce qu'il faut terminer sa vie politique à 70 ans ? La vraie question c'est : est-ce qu'au bout de 50 ans de vie politique vous êtes toujours adapté à la réalité de la société ?

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