Demandeurs d'asile en zones rurales : "Jean-Pierre Raffarin a raison d'en parler", lance Alba Ventura

On ne peut pas dire que Jean-Pierre Raffarin ait fait l'unanimité avec sa proposition sur les demandeurs d'asile. L'ancien premier ministre avance l'idée que des familles de migrants puissent être accueillis dans des villages plutôt que dans des centres d'accueil. Il a raison de mettre des propositions sur la table, même s'il sait très bien qu'elles sont loin d'être partagées.

Jean-Pierre Raffarin part du principe que les campagnes souffrent de désertification et que le déficit démographique est très important en zone rurale. Plutôt que de voir se créer des regroupements massifs de personnes, comme on l'a vu à Sangatte, comme on le voit à Calais ou à Paris, qui provoquent au fond des accès de fixation, il dit qu'il vaudrait peut-être mieux gérer cela à l'échelle d'un village, avec une ou deux familles.

Pas absurde d'en parler

Pour lui, il est sans doute plus facile d'aborder cette question au niveau des individus plutôt qu'au niveau des masses. Ce n'est pas absurde d'en parler. En tout cas, on pourrait en débattre. Car aujourd'hui, lorsqu'on parle d'immigration, on verse systématiquement dans un climat d'hystérie générale, qui touche aussi bien la droite que la gauche d'ailleurs.

Souvenez-vous lorsque Manuel Valls a seulement voulu aborder la question du regroupement familial : il s'est pris une volée de bois vert de la part de Cécile Duflot. La proposition de Jean-Pierre Raffarin d'intégrer des familles d'étrangers dans les zones rurales en a fait bondir plus d'un chez Les Républicains.
Jean-Pierre Raffarin fait partie de cette droite que l'on appelle la droite "humaniste", qui n'est pas la plus populaire dans l'électorat de Nicolas Sarkozy. Sauf qu'il faudra bien que la droite "humaniste" et la droite "coup de menton" se parlent. Car la réalité est têtue. Jean-Pierre Raffarin, en ce moment, c'est un peu comme dans la chanson de Guy Béart : "Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté".

Que fait-on de ces 20.000 personnes, une fois qu'elles sont chez nous ?

Alba Ventura

Cette année, 100.000 migrants sont arrivés sur les côtes européennes. L'an prochain, il y en aura 300.000. C'est cette réalité qu'il va falloir traiter au niveau européen. Certes, tous ces migrants ne sont pas des demandeurs d'asile. L'an dernier, on a eu 63.000 demandes d'asile en France ; on a accordé le statut de réfugiés à environ 20.000 personnes. C'est en fait de ces gens-là que parlent Jean-Pierre Raffarin : ceux qui fuient notamment le chaos en Syrie et en Érythrée.

Évidemment qu'il n'est pas question d'accueillir tout le monde. Mais il n'est pas question non plus de remettre à la mer des hommes et des femmes qui ne peuvent plus retourner dans leur pays. La question est : que fait-on de ces 20.000 personnes, une fois qu'elles sont chez nous ?

Solidarité

Jean-Pierre Raffarin a peut-être raison, il a peut être tort. Mais il essaie d'apporter des solutions. On peut en discuter, comme on peut discuter de la proposition de Xavier Bertrand, qui préconise un blocus au large de Libye. Qu'est-ce qui est plus efficace lorsqu'on est en face d'une crise migratoire ?

Cela n'empêche pas de revoir notre droit d'asile. Cela n'empêche pas de reconduire à la frontière ceux qui sont déboutés du droit d'asile. Cela n'empêche pas non plus d'appliquer plus fermement notre politique d'immigration.

Mais la réalité, c'est qu'il va falloir faire avec une partie de ces étrangers. Jean-Pierre Raffarin propose de faire de ces personnes des individus, de traiter ces demandeurs d'asile à échelle humaine, parce que c'est comme ça aussi que s'organise la solidarité.

On peut ne pas être d'accord avec lui, mais il faut faire attention de ne pas balayer les idées trop vite. Parce qu'il faudra, de toutes façon, trouver des solutions.

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