Gouvernement : "Christiane Taubira est capable de tourner les talons plus tôt que prévu", dit Alba Ventura

Christiane Taubira fait à nouveau parler d'elle. La garde des Sceaux rêve à haute voix des 32 heures. C'est un peu la vie rêvée des anges : tout le monde rêve même de ne plus travailler du tout. C'est la gauche de ses rêves. Elle n'est pas la seule dans ce cas : il y a aussi Cécile Duflot, le patron de la CGT également, et l'économiste socialiste Pierre Larrouturou, qui plaide depuis longtemps pour la semaine de quatre jours.

Christiane Taubira fait partie de cette lignée de gauche qui se dit "généreuse" et qui pense que, malgré l'échec des 35 heures, on peut partager le travail. Par ailleurs, quand elle dit qu'elle "rêve d'un monde où l'on pourrait travailler 32 heures" afin de "préserver "la vie personnelle et familiale", elle ne le dit pas en l'air, à n'importe quel moment. Non ! Elle le dit juste après le vote de la loi Macron, alors que les magasins vont ouvrir un peu plus le dimanche.
C'est du Taubira "pur sucre", qui ne manque jamais de faire quelques piqûres de rappel sur sa conception de la gauche.

Quand Taubira provoque "le patron"

Il y a aussi cette rumeur selon laquelle elle menacerait de quitter le gouvernement. Ce n'est pas la première fois qu'il y a dans l'air un parfum de départ à la Chancellerie. Souvenez-vous : elle avait commencé à faire ses cartons lorsque Manuel Valls avait été nommé à Matignon. Avec le Premier ministre, ça a souvent été la guerre. Que ce soit sur le droit de vote des étrangers, la réforme pénale, ou même la tenue d'états généraux sur le cannabis, elle l'a toujours défié.

Avant, ils s'affrontaient de ministère à ministère, ce qui est assez classique entre ministère de l'Intérieur et ministère de la Justice. Ce qui est moins classique, c'est qu'elle a continué de le provoquer même lorsqu'il est devenu son "patron". Comme, notamment, lorsqu'elle s'était fait ovationner par les "frondeurs" à La Rochelle en août dernier.

Pour elle, il vaut mieux trouver une solution éducative aux mineurs délinquants plutôt que la prison

Alba Ventura

Cette fois, c'est sur la réforme de la justice des mineurs que Christiane Taubira a lancé une forme d'ultimatum. Elle dit : "Si on ne la fait pas, ce serait un aveu d'impuissance et moi je ne l'assumerai pas". Rappelons que c'est un engagement de campagne du Président.

Il faut savoir que le texte de la garde des Sceaux, n'est toujours pas inscrit à l'ordre du jour du Parlement. C'est un texte qui repose sur l'idée qu'il vaut mieux trouver une solution éducative aux mineurs délinquants plutôt que la prison. On peut imaginer que c'est à l'Élysée et à Matignon, que l'on n'est pas prêt en ce moment à "assumer" ce débat, à quelques mois des régionales, ou même l'an prochain à quelques mois de la présidentielle.

Un marqueur de gauche

Alors quittera ou quittera pas le gouvernement ? C'est là où François Hollande entre en scène, parce que Christiane Taubira lui est très utile. Elle est un marqueur de gauche, même si elle est parfois décalée, même si elle n'est pas toujours sur la ligne. À la gauche de la gauche, elle est même vue comme icône, une sorte de rock star.

Le Président a un Premier ministre qui se revendique libéral. Il a un ministre de l'Économie qui pousse à fond la ligne social-libérale. Il a besoin d'équilibrer. Ses symboles de gauche, ce sont Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira.

Il aurait du mal à se passer d'elle. Elle le sait. Il n'est pas exclu que la ministre de la Justice fasse pour l'instant gentiment pression pour utiliser la situation à son avantage. Mais elle est aussi parfaitement capable de tourner les talons plus tôt que prévu sur l'air de "salut, je vous aurai prévenus". Ça aussi, c'est du Taubira.

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