Les 19 millions d'euros de rémunération de Carlos Tavares, directeur général du géant automobile Stellantis, font débat.
Pour Loïc Dessaint, patron de Proxinvest et invité de RTL, ces révélations sont choquantes. Il rappelle qu'en général, "un grand dirigeant du CAC40 gagne 4 ou 5 millions d'euros. C'est énorme pour le français moyen, c'est normal quand on regarde le dirigeant à travers le monde". Il compare ces 4 ou 5 millions d'euros aux 19 millions, voire 66 millions d'euros qui ont été gagnés par Carlos Tavares : "On n'a jamais vu un tel record".
Le patron de Proxinvest explique pourtant qu'il n'est pas nécessaire de fixer des limites dans une économie de marché. Selon lui, la règle, c'est l'impôt sur le revenu et les actionnaires ont le droit de refuser la hausse du salaire de son directeur général, "c'est ce qu'ils ont fait d'ailleurs hier chez Stellantis", a-t-il rappelé.
Le salaire de Carlos Tavares représenterait 10.000 mois de salaire d'un agent de production de Citroën nous explique l'un d'entre eux à l'antenne de RTL. Selon Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethique et invitée de RTL, c'est de l'indécence "pour les gens qui ont à peine de quoi vivre". Elle met en avant le fait qu'il est difficile de se rendre compte à quoi correspond une somme aussi grande que 19 millions d'euros.
Sophie de Menthon explique cependant que "moralement, ce n'est pas plus choquant qu'un salaire de grand joueur de foot qu'on va acheter à un autre pays, des sommes considérables, et qui n'apporte pas de valeur ajoutée".
La présidente d'Ethique encense Carlos Tavares : "Ce président a été extraordinairement talentueux". Elle explique que c'est grâce à lui que Peugeot est resté en France, que le nombre de salariés a augmenté, et que l'augmentation de sa rémunération de 17% ne représente pas grand-chose à côté de l'augmentation de 145% du chiffre d'affaires de l'entreprise.
Si elle se dit tout de même "choquée" par la somme, Sophie de Menthon affirme ne pas savoir "comment on peut faire pour réguler des salaires de gens qui sont demandés, qui créent de l'emploi, qui sauvent une entreprise".
Loïc Dessain explique que Proxinvest, société de conseil et d'analyse financière, "observe le sujet de la rémunération des générations depuis près de 20 ans" et que c'est la première fois qu'on voit de telles sommes. Il se souvient des records "du temps de Jean-Marie Messier, chez Vivendi, où on était aux alentours de 30 millions d'euros". Aujourd'hui, Loïc Dessain explique que 90% à 95% des dirigeants sont payés moins de 7 millions d'euros par an.
Le patron de Prixinvest n'a pas observé de tendance à la hausse des salaires des grands patrons cette année. Il explique en revanche avoir observé une augmentation du nombre de demandes de hausse des rémunérations : "Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir fait des efforts pendant la pandémie", ajoutant que les dirigeants ont parfois abandonné une partie de leur salaire pour faire face à la pandémie.
La solution pour éviter des sommes aussi élevées serait peut-être de limiter les salaires des grands patrons. Mais pour Sophie de Menthon, cette option n'est pas envisageable. Selon elle, il faut respecter le vote des actionnaires, même lorsque ce n'est pas obligatoire, "parce que ça, c'est la seule règle qui puisse limiter les choses".
La présidente d'Ethique explique également qu'il est très important de "respecter les actionnaires" pour éviter des grèves. Pourtant, sur notre antenne, on entendait le point de vue de différents salariés du groupe Stellantis sur la hausse du salaire de son directeur général : certains disaient que c'était tout à fait normal, d'autres étaient choqués.
Sophie de Menthon explique que ces "deux attitudes sont tout à fait normales," ajoutant qu'il faudrait tout de même reverser un intéressement aux salariés sur l'augmentation de la rémunération du directeur général. Elle explique également qu'en permettant aux salariés de devenir actionnaires, ils "comprendraient beaucoup mieux le cours en bourse qui a considérablement augmenté".
Selon Sophie de Menthon, cette méthode revient à amadouer le salarié, mais cela permet "de le rendre heureux, c'est considérer son bien-être, c'est considérer sa frustration". Le fait d'amadouer ses salariés serait également un moyen de les impliquer, pour qu'ils se réjouissent de "voir leur patron dans la presse et voir les résultats de l'entreprise qui augmentent".
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