L'exécutif a finalement dégainé le 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites. Faute de majorité à l'Assemblée, la Première ministre Élisabeth Borne a engagé la responsabilité de son gouvernement devant les députés. En l'état, la réforme est considérée comme adoptée. Mais les oppositions ont annoncé leur intention de déposer une motion de censure. Cette initiative a-t-elle une chance d'aboutir ? Dans ces conditions, Élisabeth Borne a-t-elle une chance de rester à Matignon ? Explications.
Il faut 58 signatures de députés pour déposer une motion de censure avant demain, vendredi 17 mars, après-midi. Marine Le Pen a déjà annoncé que Le Rassemblement National allait en déposer une, mais ce n'est pas celle-là qui est intéressante. La surprise pourrait venir d'un petit groupe de députés Indépendant, les Liot, qui sont à la manœuvre avec le plus ancien député de l'Assemblée, Charles de Courson, un centriste respecté, qui va connaître son heure de gloire. Les Liot, c'est un peu "la Suisse de l'opposition" : ils ont l'avantage de ne froisser personne. Aussi, la France Insoumise, comme le Rassemblement National, accepteront de voter leur motion. Mais les chances que celle-ci aboutisse sont extrêmement faibles.
Pour renverser le gouvernement, il faut les voix de 207 députés. Or, si vous additionnez la Nupes, le RN et les Indépendants, il leur manque encore une trentaine de députés. Il faudrait en fait que la moitié des députés Les Républicains s'associent à eux. La marche est haute, mais comme le dit un ministre : quatre jours, c'est long et l'histoire de cette réforme des retraites appelle à une certaine prudence.
Quant à Élisabeth Borne, son avenir dépendra du vote de lundi. Mais même si aucune motion de censure n'était adopté, ce 49.3 pourrait ressembler à un poison lent. La Première ministre est devenue le maillon faible d'Emmanuel Macron et comme le dit un Ministre : "Je ne vois pas vraiment comment elle reste, il faudra faire tomber des têtes à un moment".